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JE RESPIRE OÙ TU PALPITES

Un album de 19 poèmes de Victor Hugo mis en musique et chantés par divers interprètes.

 

 

À la question « Quel est, selon vous, le plus grand poète français ? », André Gide fit une réponse qui fit grand bruit et fut reprise par de nombreux commentateurs : « Victor Hugo, hélas ! ». Comment comprendre cette déclaration sinon en reconnaissant qu’il y a, chez Hugo, dans ses recueils de poésie, bien des textes qui soit paraissent inutilement compliqués soit ont l’air d’avoir été écrits à la va-vite. Dans son Journal, Julien Green estime qu’il y a chez Hugo autant de bons poèmes et autant de vers remarquables que chez Baudelaire, la différence étant que chez celui-ci tout est rassemblé en un seul livre, alors que chez le premier ce qui est bon est disséminé dans plusieurs livres et parmi beaucoup de textes qui semblent presque bâclés.

On prétend aussi que Victor Hugo avait interdit qu’on dépose des notes au pied de ses vers. Quelqu’un s’est-il avisé de chercher dans les écrits du grand écrivain cette prétendue citation ? Ce serait perdre son temps car elle est apocryphe. Hugo lui-même n’a-t-il pas donné pour titre à un de ses recueils Les Chansons des rues et des bois ! Et dans Les Misérables, Gavroche ne se met-il pas à chanter des vers fameux ? Si Hugo lui-même n’était pas chanteur, il savait bien que de ses poésies on pouvait faire des chansons et l’on ne s’en est pas privé !

Après Brassens, qui chanta Gastibelza, et après bien d’autres chanteurs, voici un album regroupant non moins de 19 poèmes de Hugo mis en musique et chantés par autant d’interprètes : Chanson plus Bifluorée, Pascal Rinaldi, Pierre Antoine, La Green Box, Anne Sila, Gérard Morel, Fred W., Bertrand Pierre, Jacques Mayoud, Valentin Vander, Enzo Enzo, Yves Vessière, Frédéric Pagès, Alain Bert, Oscar Philéas, Noof, Jean-Marie Loubry et les millynards, Samir Barris et Gérard Pierron.

Un grand nombre des poèmes choisis pour cet album sont extraits du recueil le plus fameux, à juste titre car le meilleur, de Victor Hugo, Les Contemplations. D’autres, confirmant ainsi ce qu’écrivait Julien Green, proviennent de plusieurs autres recueils, Les Chants du Crépuscule, Les Chansons des rues et des bois, Les Rayons et les Ombres, La Légende des siècles, Toute la lyre ou Les Orientales.

Les interprétations sont également multiples, appropriées et enthousiasmantes. Cela commence par le Hugo le plus idéaliste, celui qui croyait qu’en ouvrant des écoles on fermerait des prisons, mais le texte ne manque pas de grandeur : « Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne ». Puis vient Je ne songeais pas à Rose, la belle chanson légère qui fut mise en musique par Julos Beaucarne et qui est ici reprise par Pascal Rinaldi.

On trouvera, parmi les poèmes chantés sur cet album, certains parmi les plus connus de notre auteur, à commencer par Demain dès l’aube, chanté par Anne Sila, mais aussi Les Djinns. La plupart sont moins connus, mais c’est précisément l’occasion de les découvrir ou les redécouvrir et d’apprécier, comme il se doit, l’inspiration féconde du grand poète, celui qui exalte l’amour, célèbre la nature et pose même un regard bienveillant sur ce dont on s’écarte : « J’aime l’araignée et j’aime l’ortie… ». L’œuvre de Victor Hugo est si vaste, à vrai dire, qu’on ne finira jamais d’y trouver de nouveaux trésors. Et si la chanson peut nous y aider, pourquoi s’en priver, surtout quand elle est aussi exaltante que sur cet album !

8,5/10

 

                                                                       Luc Schweitzer

Tag(s) : #Poésies, #Chansons, #Musiques
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