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BRUCKNER ET L’ORCHESTRE – HOMMAGE À ANTON BRUCKNER

Une série de quatre podcasts à écouter sur France Musique.

 

En cette année du bicentenaire de la naissance d’Anton Bruckner (né le 4 septembre 1824), je ne peux qu’inviter, une fois de plus, à écouter les œuvres de celui qui fut l’un des plus grands symphonistes de l’histoire de la musique. J’ai déjà, à plusieurs reprises, fait part de mon admiration pour ce compositeur mais je me demande toujours si, en France, je ne suis pas une exception. Certes, Bruckner est assez souvent programmé dans les salles de concert de notre pays et j’ai moi-même eu le bonheur d’en écouter plusieurs œuvres à Paris, soit à la Philharmonie soit à l’auditorium de la Maison de la Radio, ces dernières années. Et le 2 octobre prochain, au TAP de Poitiers, c’est l’orchestre des Champs-Élysées qui, sous la direction de Philippe Herreweghe, jouera la 8ème symphonie. Cela étant, j’ai pu constater que, chaque fois que, dans une conversation, j’énonçais le nom de Bruckner, je ne rencontrais quasiment pas d’écho. Au point que je me demande si je ne suis pas l’un des rares Français à aimer passionnément Bruckner.

Si, dans notre pays, Bruckner est mal-aimé, c’est peut-être parce qu’on ne l’écoute pas vraiment ou qu’on l’écoute avec des à-priori et en le comparant aux compositeurs de chez nous, que nous trouvons, bien évidemment, beaucoup plus raffinés. C’est une des difficultés que l’on rencontre avec Bruckner : une écoute superficielle de ses symphonies donne l’impression d’avoir affaire, uniformément, à une lourdeur germanique qui n’est pas de notre goût. Or, j’en suis convaincu, c’est méconnaître les symphonies de Bruckner que de leur faire ce reproche. J’ai découvert moi-même ces œuvres il y a bien longtemps, au début des années 1980, et je n’ai cessé de les écouter et de les réécouter depuis, interprétées par de multiples orchestres et de multiples chefs, sans jamais me lasser parce que, précisément, j’y ai perçu rapidement, sous une apparence de monumentalité et de lourdeur, des finesses et des subtilités, des confessions et des émotions qui m’allaient (et me vont toujours) droit au cœur. Oui, les symphonies de Bruckner sont monumentales, c’est vrai, et on les compare souvent à des cathédrales sonores. Néanmoins, chacune d’entre elles recèle une multitude de nuances, de variations, qu’une écoute attentive repère, brisant définitivement l’ennui qui guette celui qui se contenterait d’une écoute superficielle ou distraite.

Peut-être, pour mieux saisir et goûter les richesses inouïes de ces symphonies, faut-il se faire aider. C’est pourquoi je ne peux que recommander les quatre podcasts sur Bruckner et l’orchestre, mis à notre disposition sur le site de France Musique. Ils aident à décrypter des symphonies qui, du fait de leur ampleur, peuvent intimider l’auditeur. Ces podcasts concourent à se défaire des idées toutes faites. Le soi-disant germaniste Bruckner était, ne l’oublions pas, autrichien et sa musique, bien moins lourde qu’on le prétend parfois, est imprégnée de danses, valses, polkas ou danses macabres. On y trouve aussi, il est vrai, lorsque sonne le cor, comme un écho des mystères de la forêt germanique. On décèle aussi, chez le symphoniste Bruckner, qui était organiste de profession, les influences de Bach ou de Buxtehude. Bien qu’étant, par ailleurs, admirateur de Wagner (à qui il a dédié sa 3ème symphonie), Bruckner reste attaché aux grandes formes qui n’ont rien de wagnérien tout se montrant, parfois, précurseur de la musique à venir, celle de Schönberg. Dans les symphonies, il y a le contraste entre l’homme issu de la campagne autrichienne, homme si maladroit qu’on le prenait pour un « bouseux », et le croyant, l’homme de foi, foi naïve mais ô combien profonde, qui le conduisit à dédier son ultime symphonie (la 9ème, inachevée) au « bon Dieu ». Ainsi les symphonies sont-elles construites par blocs conduisant à une apothéose. Mais, à l’intérieur même de chaque bloc, dans chaque mouvement de chaque symphonie, l’oreille attentive, le cœur attentif, décèlent toutes les nuances d’un cœur humain désireux du divin tout en se débattant avec le lacis des souffrances et des désirs les plus humains, les plus terre-à-terre. Terre et Ciel : dans les symphonies de Bruckner, il y a l’un et il y a l’aspiration à l’autre.

 

                                                                       Luc Schweitzer

 

N. B. :  Il existe, sous forme de cd ou sur les sites de streaming,  de nombreuses intégrales des symphonies de Bruckner, entre autres celles de Sergiu Celibidache, de Günter Wand, d’Eugen Jochum, de Nikolaus Harnoncourt... En cette année du bicentenaire de la naissance du compositeur, plusieurs intégrales se rajoutent au catalogue, en particulier celle de Christian Thielemann et, dans une moindre mesure, celle de Rémy Ballot.

Tag(s) : #Musiques, #Compositeur, #Symphonies
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