Un film de Pablo Cotten et Joseph Rozé.
Que deviennent les établissements scolaires durant la période estivale ? Ils sont comme de « grands châteaux abandonnés ». À moins, comme dans cet étonnant film, qu’un des professeurs n’ait l’étrange idée d’y convoquer ses anciens camarades de classe pour y séjourner un peu de temps au mois de juillet. C’est Gaspard (Andranic Manet), le professeur de musique, à qui est venue cette idée en apparence saugrenue. En apparence seulement, car c’est pour honorer la mémoire de sa sœur jumelle Louise, récemment décédée dans un accident à Buenos Aires, que le jeune professeur a invité, à la demande, prétend-il, de sa sœur elle-même, Adel (Alassane Diong), Esther (Carla Audebaud), Lou (Alba-Gaïa Bellugi), Anthony (Arcadi Radeff) et Alma (Nina Zem).
Les portes du collège étant closes, on s’y introduit comme des voleurs, en enjambant le mur d’enceinte au moyen d’échelles. Mais que faire en juillet, dans un lieu comme celui-là ? Certes, il s’agit de se souvenir de Louise, la défunte, ainsi que de célébrer, rien moins que le 14 juillet, l’anniversaire de son jumeau Gaspard, mais encore faut-il trouver de quoi s’occuper d’ici là. De ce point de vue, puisque la bande d’amis se retrouve dans l’école qu’ils fréquentèrent jadis ensemble, autant renouer avec les jeux d’autrefois : le basket, le ping-pong, mais aussi les batailles d’eau, les improvisations musicales et autres amusements, y compris en se servant des extincteurs !
En vérité, si le groupe se laisse volontiers gagner par les jeux de l’enfance, on perçoit rapidement qu’on a affaire aussi, et peut-être surtout, à un groupe sous tension. Certes, ils ont tous et toutes répondu à l’invitation, mais leur unité est loin d’être aussi forte qu’on a pu le croire un moment. Chacun avait une relation particulière avec Louise, la défunte, et son absence se fait cruellement sentir. Il y a de la mélancolie, de la tristesse et même de la culpabilité dans le cœur des uns et des autres. La belle amitié qui les a réunis se craquelle, les querelles bousculent le bel ordonnancement du groupe, des vérités cachées sont révélées… Que reste-t-il de la complicité du temps jadis ?
Les réalisateurs ont su adopter un ton faussement naïf pour mettre en scène cette histoire d’amitié bousculée et de deuil qui fait mal. Leur petite troupe d’interprètes conquiert rapidement la sympathie du spectateur. À cette équipe s’ajoute, et c’est l’une des belles idées du film, une voix off, celle de Louise en personne (c’est la voix fort agréable de Noée Abita que l’on entend) qui résonne dans le cœur de Gaspard pour l’apaiser, le consoler, le conduire au meilleur, même si c’est en passant par le pire.
7,5/10
Luc Schweitzer
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LA RÉCRÉATION DE JUILLET de Pablo Cotten, Joseph Rozé : bande-annonce [HD] | 3 juillet 2024 en salle
3 juillet 2024 en salle | 1h 20min De Pablo Cotten, Joseph Rozé | Par Pablo Cotten, Joseph Rozé Avec Andranic Manet, Alassane Diong, Alba Gaia Bellugi Suite à la mort de sa sœur jumelle, Gaspar...