Un film de Shuchi Talati.
D’Inde nous parviennent, de temps à autre, des films qui, bien souvent, attestent d’un grand savoir-faire et de beaucoup de subtilité. C’est le cas avec Girls will be girls, premier long-métrage de la réalisatrice Shuchi Talati, qui nous immerge dans un établissement scolaire huppé du nord de l’Inde où l’on veille particulièrement à la sauvegarde des traditions. Or, pour la première fois dans l’histoire de cette école, c’est une fille, Mira (Preeti Panigrahi, admirable jeune actrice), 16 ans, élève de Terminale, qui est promue au rang de « préfète ». À elle de veiller à ce que les élèves respectent un code de bonne conduite et de bonne tenue vestimentaire. Ce rôle, elle le prend aussitôt très au sérieux, tout en étant supervisée par une adulte chargée de la discipline et de l’obéissance au règlement (elle surveille, par exemple, la longueur des jupes des filles).
Or, la vie bien réglée de Mira est bouleversée par la survenue de deux événements : d’une part, par l’intérêt qu’elle éprouve pour Sri (Kesav Binoy Kiron), un garçon venu de Hong-Kong qui se rapproche d’elle ; d’autre part, par l’arrivée d’Anita (Kani Kusruti), sa mère, bien décidée, à l’approche des examens, à veiller à ce que Mira se consacre exclusivement à son travail scolaire. Élève brillante, Mira, alors qu’elle fait la leçon aux autres élèves, voire les dénonce, lorsqu’elle surprend des inconduites (des garçons essayant de regarder sous les jupes des filles, par exemple), n’en est pas moins de plus en plus tentée de découvrir les plaisirs de la sexualité avec le séduisant Sri.
Bientôt, cependant, Anita, la mère, ayant découvert la complicité de Mira et de Sri (qui prétendent, bien sûr, ne se voir que pour réviser ensemble leurs matières scolaires), se laisse elle-même séduire par le garçon au point de l’accueillir à la maison. C’est un jeu troublant qui se met en place lorsque, sous les yeux de Mira, Anita trouve des prétextes pour voler des moments d’intimité avec Sri. En somme, le garçon est désiré tout autant par la mère que par la fille. Le sujet est audacieux (surtout, j’imagine, dans un pays comme l’Inde) mais la réalisatrice parvient, très habilement, sans éluder la crudité de certaines scènes, à filmer cette histoire avec retenue, en évitant toute vulgarité.
Au contraire, il y a quelque chose de beau dans l’éveil à la sexualité de Mira, l’adolescente, même si l’on peut en déplorer des circonstances et même si elle semble aborder ce sujet un peu comme si c’était une matière scolaire. Ce qui est moins beau, mais malheureusement conforme à la réalité, c’est que, en fin de compte, c’est le garçon, Sri, courtisé par la mère et la fille, qui profite sans vergogne de la situation. Bien sûr, en filmant cela, la réalisatrice, en creux, invite à un changement de mentalité.
8/10
Luc Schweiter
/https%3A%2F%2Fi.ytimg.com%2Fvi%2FkuSMs3uWoIo%2Fhqdefault.jpg)
GIRLS WILL BE GIRLS de Shuchi Talati - Bande annonce
Mira, 16 ans, mène une vie d'élève modèle dans un pensionnat d'élite au nord de l'Inde. Alors que les examens approchent, sa mère Anila revient s'installer dans la région pour la soutenir et...