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J’AI CHERCHÉ TON NOM

Un album de 12 chansons de Pierre Éliane.

 

 

Né en 1955 à Nancy, Pierre Éliane entreprit d’abord une carrière de musicien aux côtés d’un autre natif de la ville lorraine, Charlélie Couture. Mais un appel différent de celui de la scène musicale résonna en lui si fortement que, alors qu’il avait 33 ans, il décida d’entrer au Carmel. Il fut ordonné prêtre en 1997. Néanmoins, même en tant que Carme, et c’est heureux, Pierre Éliane renoua avec ses activités non seulement de musicien mais de compositeur et de chanteur. Après tout, l’évangile n’invite-t-il pas à faire fructifier les talents qu’on a reçus ? Eh bien, ses talents, Pierre Éliane les mit d’abord au service de Dieu en mettant en musique et en interprétant des poèmes d’autrices et d’auteurs spirituels et mystiques. Il y eut, en premier, plusieurs albums consacrés aux poèmes de Thérèse de Lisieux. Puis vinrent tour à tour Jean de la Croix, Thérèse d’Avila et Elisabeth de la Trinité. Il y eut aussi un album consacré à quelques psaumes. Puis, Pierre Èliane, et l’on ne peut que saluer cette belle ouverture d’esprit, mit en musique et chanta des poèmes de Yunus Emre, mystique soufi, sous le titre Les chansons du pauvre Jonas, et, enfin, en 2014, des textes du grand auteur indien Rabindranath Tagore.

Aujourd’hui, avec son nouvel album, pour la première fois, Pierre Éliane propose des textes dont il est lui-même l’auteur. Cette initiative mérite d’être saluée. Le ton est évidemment plus personnel, plus intime, que sur tous les albums précédents, même si, chaque fois et pour chaque auteur qu’il interprétait, on percevait combien il faisait siennes les paroles d’autrui. Cette fois-ci, pourtant, ce que l’on entend, ce que chante Pierre Éliane, ce sont des textes qui s’adressent, davantage que sur les autres albums, à tous, croyants ou non. Ce sont des textes dont la formulation est elle-même davantage contemporaine. Car, qu’on le veuille ou non, les poèmes de Thérèse de Lisieux paraissent très datés, très vieillots. C’est moins le cas, étrangement, pour ce qui concerne Jean de la Croix ou Thérèse d’Avila. Toujours est-il que, cette fois-ci, l’album de Pierre Éliane peut être écouté et apprécié par tous.

Certes, dans la chanson qui donne son titre à l’album, J’ai cherché ton nom, chanson dont le texte est écrit un peu à la manière d’un célèbre poème de Paul Éluard, en fin de compte le nom qui est cherché, c’est celui de Dieu plus que celui de Liberté, quoique l’on puisse, à mon avis, identifier l’un à l’autre sans commettre de contresens . Chacun y mettra le nom qu’il veut. Avec de belles mélodies et des accompagnements musicaux qui sonnent souvent assez rock, Pierre Éliane chante aussi l’appel du désert, « la musique de l’Amérique » ou « les hommes qui reviennent du travail ». Une belle chanson évoque l’histoire de Samson et Dalila. Une autre (Plus personne) reprend de beaux vers de Rutebeuf (qui furent si superbement chantés par Léo Ferré) : « Que sont mes amis devenus / Que j’avais de si près tenus… ». Ainsi de suite. Chaque texte, chaque musique, chaque interprétation touchera, je n’en doute pas, de nombreuses auditrices et de nombreux auditeurs.   

8/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer

Tag(s) : #Chansons, #Musiques
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