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LE PROCÈS DU CHIEN

Un film de Laetitia Dosch.

 

Et si notre rapport aux animaux était un révélateur de nos manques d’humanité ! Et si notre façon de traiter nos compagnons à quatre pattes attestait de nos petitesses, nous qui nous croyons si supérieurs aux autres êtres vivants que nous détruisons tout à force de prétendue domination. Le film de Laetitia Dosch qui semble, au départ, n’être qu’une farce assez anodine s’avère, en vérité, être bien plus qu’un divertissement un peu farfelu.

Or donc, nous voici dans une petite ville de Suisse où nous faisons la connaissance d’Avril Lucciane (Laetitia Dosch en personne), une avocate ès-causes désespérées. Et justement, le cas qui se présente à elle dépasse la mesure de tout ce qu’on peut imaginer puisqu’il s’agit de défendre… un chien ! Le brave Cosmos, compagnon à quatre pattes d’un marginal nommé Dariuch (François Damiens, hilarant), risque la mort par euthanasie pour avoir mordu une femme de ménage portugaise. Pis que tout, l’animal a récidivé puisqu’il s’en était déjà pris à une autre femme ainsi qu’à une petite fille. De là à en déduire qu’on a affaire à un chien misogyne, il n’y a qu’un pas, qui sera d’ailleurs franchi au cours du procès !

Car oui, Avril s’étant laissé convaincre par Dariuch de prendre fait et cause pour l’animal, il y aura bel et bien procès, en dépit d’un code pénal qui assimile les bêtes à des choses ! Voici donc la procédure engagée, la machine judiciaire mise en branle, la survenue d’une avocate (d’autre part politicienne d’extrême-droite) prenant la défense de la partie civile. Ce scénario, improbable certes mais savoureux, donne lieu à de nombreux et irrésistibles gags. On appréciera, entre autres, l’intervention d’un collège éthique comprenant, parmi ses membres, un rabbin, un imam, un pasteur et une moine bouddhiste ! Mais le pompon revient au toujours jubilatoire Jean-Pascal Zadi dans le rôle d’un comportementaliste à qui revient la garde de l’ami Cosmos !

L’humour est omniprésent, bien évidemment, mais ne supprime en rien les questions posées par cette histoire, questions on ne peut plus pertinentes, comme celle des regards et du statut et de l’humain et de l’animal. Peut-on encore légitimement, à notre époque, assimiler l’animal à une chose ? Et puis, ce procès d’un chien, mine de rien, entre en résonance avec des sujets bien contemporains : la place des femmes et les questions environnementales en particulier. Bientôt, à la porte du tribunal, il faut compter avec des groupes de manifestants.

Enfin, en marge de l’affaire du procès du chien, Laetitia Dosch ménage une place non négligeable à un personnage de jeune adolescent de 12 ans, un garçon qui, malheureux en sa famille dysfonctionnelle, s’attache à sa voisine Avril. Cette complicité occasionne un certain nombre de scènes très belles et qui finissent par s’intégrer assez harmonieusement dans la thématique du film. J’aime particulièrement cette scène où le garçon demande à l’avocate pourquoi elle aime les autres, après avoir avoué que lui en est incapable. « C’est parce qu’ils sont différents, répond Avril, chacun avec sa singularité. C’est ce qui les rend tous passionnants. »    

8/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer

Tag(s) : #Films, #Comédie
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