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LES CENT ANS DU SURRÉALISME

Une exposition du Centre Pompidou à Paris.

 

 

Peut-on donner une date précise à la naissance du surréalisme ? Oui, en tant que mouvement, la date évidente, c’est le 15 octobre 1924, le jour où parut le Premier manifeste du surréalisme d’André Breton. Et c’est, bien évidemment, avec une salle qui lui est entièrement consacrée que commence l’exposition du Centre Pompidou. Auparavant, tout de même, il faut entrer par la « porte de l’Enfer », une gueule de monstre grande ouverte, reproduction de celle d’un cabaret du boulevard de Clichy que les surréalistes aimaient fréquenter. La salle dans laquelle on pénètre alors ne se contente pas d’exposer les manuscrits de l’ouvrage d’André Breton, elle fait voir en images sur un mur de forme circulaire la pensée qui présidait à cette éclosion tout en nous faisant entendre la voix même de son concepteur (reconstituée par IA). Nous voilà dans le bain. Après avoir lu la définition du surréalisme écrite par Breton (« SURRÉALISME n. m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. »), nous pouvons parcourir les salles qui rassemblent quelques 500 œuvres d’un mouvement qui perdura (officiellement) jusqu’en 1969.

Autant d’œuvres réunies en un même lieu, en une même exposition, il y a de quoi en sortir étourdi. Peintures, littérature, sculpture, cinéma : le surréalisme a fait sienne toutes les disciplines artistiques, puisant son inspiration au gré de multiples approches et de tout un vaste bouquet de thématiques. Pour commencer, l’exposition rappelle, très justement, la dimension de voyance : le poète est un voyant. Et quand Giorgio de Chirico peint un portrait de Guillaume Apollinaire, il le marque d’une cible à l’endroit même où, deux ans plus tard, le poète est blessé par un éclat d’obus. Ce genre de prémonition fascinait les surréalistes.

De nombreuses autres sujets sont abordés à chacune des salles de l’exposition disposées à la manière d’un labyrinthe, entre autres le rêve (avec la projection de la scène de rêve, conçue par Salvador Dali, de La Maison du Dr Edwards d’Alfred Hitchcock), l’artiste-médium, la pierre philosophale, la forêt, la politique (ne visitez pas l’exposition coloniale !, s’insurgeaient, à juste titre, les surréalistes) l’érotisme… D’autres salles rappellent, très pertinemment, les figures littéraires qui inspirèrent les surréalistes : Lautréamont, Lewis Carroll, Sade, le personnage de Mélusine…

Tous les grands artistes emblématiques du mouvement surréaliste sont là : André Breton bien sûr, mais aussi Louis Aragon, Robert Desnos, Salvador Dali, Giorgio de Chirico, René Magritte, Max Ernst, Joan Miró, Luis Bunuel… Mais l’exposition répare une injustice en redonnant aux femmes leur juste place. Car là, comme ailleurs, elles ont été invisibilisées. Or, elles furent nombreuses et leur créativité ne fut pas moindre que celle de leurs homologues masculins. Elles sont très présentes dans cette exposition du Centre Pompidou et c’est heureux. J’ai relevé quelques-uns de leurs noms : Dora Maar, Unica Zürn, Dorothea Tanning, Leonora Carrington, Mimi Parent, Jane Graverol, Rita Kernn-Larsen.

Le mouvement surréaliste, ouvert aux femmes, résolument anticolonialiste, opposé aux dictatures et aux totalitarismes, accordant une même importance aux cultures extra-européennes qu’à celles du vieux continent, ne nous interpelle-t-il pas, nous, femmes et hommes de ce début du XXIe siècle ?

Tag(s) : #Exposition, #Peinture, #Littérature, #Cinéma
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