Un film de Guy Nattiv et Zar Amir.
Si les films sur les combats de boxe sont légion, je ne me souviens pas d’avoir déjà vu un film sur des combats de judo. C’est pourtant un sport suffisamment spectaculaire pour donner lieu à des scènes impressionnantes. À vrai dire, dans Tatami, ce côté spectaculaire n’est pas mis en avant, ce qui n’enlève rien à la tension qui règne tout au long du film, un film qui se déroule presque entièrement et presque en temps réel à l’occasion de championnats du monde de judo féminin se déroulant en Géorgie, à Tbilissi.
En vérité, il faut le dire, ce film est bien davantage qu’un compte-rendu sur une compétition sportive de haut niveau, c’est d’abord et avant tout un film politique. Car, tout en se focalisant sur les combats de judo, le film se concentre sur l’une des compétitrices, Hosseini, judokate star en son pays, l’Iran. Or, dans ce pays, comme on le découvre rapidement, c’est le « Guide Suprême » qui décide de tout, à charge pour les citoyens (ou pour les « pions » comme l’affirme, lors d’une des scènes, Hosseini) d’obéir à chacun des diktats du maître.
Or, alors que la compétition de judo a commencé et alors que Hosseini remporte victoire après victoire, voici que tombe un ordre venu d’en haut et transmis par les responsables de la fédération de judo d’Iran : Hosseini doit se retirer de la compétition pour ne pas risquer de devoir affronter une adversaire israélienne ! Alors commence le chemin de révolte d’Hosseini face à la dictature du chef suprême. Un irrépressible élan de révolte qui ne va pas de soi car, aussitôt, l’entourage de la championne se fait menaçant. Même l’entraîneuse d’Hosseini, d’abord choquée, puis hésitante, puis obéissante, et dont on découvre qu’elle fut elle-même la victime d’une décision venue d’en haut, même elle en vient, au moins pendant un temps, à plier devant la décision inique. Mais le pire se déroule en Iran où, pour contraindre Hosseini à l’obéissance, on cherche à s’en prendre à sa famille.
Bien plus qu’un film sur une compétition sportive, nous avons affaire à un film politique de haute tenue, à voir et à soutenir, d’autant plus que, nous le savons, à leurs risques et périls, des femmes d’Iran osent braver des interdits, osent dire « non » au régime des mollahs !
8/10
Luc Schweitzer
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TATAMI Bande Annonce (2024) Judo, Drame
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