FLOW, LE CHAT QUI N’AVAIT PLUS PEUR DE L’EAU

31 Octobre 2024

Un film de Gints Zilbalodis.

Aux chapitres 6, 7 et 8 de la Genèse, il nous est raconté comment les animaux furent sauvés de la destruction grâce à l’arche construite par Noé en vue de survivre à la gigantesque inondation provoquée par le déluge. Dans le film du letton Gints Zilbalodis, de même, il est question d’une submersion quasi-totale des terres et du sauvetage des animaux au moyen d’une embarcation, certes bien plus petite qu’une arche mais permettant aux animaux qui s’y sont réfugiés de ne pas périr. Il est cependant une différence de taille entre les deux histoires : c’est que si, dans le récit biblique, c’est un homme, Noé, qui sauve les animaux, par contre, dans le film de Gints Zilbalodis, ce sont les animaux qui se sauvent eux-mêmes, sans intervention humaine ! Et pour cause, puisque, dans le film, il n’y a pas d’humains !

Les humains, donc, semblent avoir disparu de la surface de la terre. Il ne reste que leurs constructions ainsi que des restes de leurs activités. Ainsi découvre-t-on, médusé, dès les premières scènes du film, un étrange jardin, sis au milieu d’une forêt, rempli d’énigmatiques statues de félidés. Or, c’est précisément l’un d’eux, mais bien vivant celui-là, un chat du nom de Flow, qui est au cœur de l’odyssée racontée par le créateur de cet incroyable film. Un chat tout ce qu’il y a de commun, dénué, fort heureusement, de tout anthropomorphisme, un chat qui miaule comme tous les chats et qui n’aime pas trop se mouiller les pattes. Sauf que, étant donné les circonstances, il va lui falloir ne plus craindre l’eau puisqu’il y en a partout et que, durant la première partie du film, son niveau ne cesse de monter, ce qui donne lieu à de nombreuses scènes à la fois fascinantes et angoissantes.

On n’en finirait pas d’énumérer la succession de ces scènes toutes plus stupéfiantes les unes que les autres, depuis la fuite éperdue de cervidés jusqu’à l’apparition d’un monstre marin, une gigantesque baleine à crêtes, l’un des grands moments forts du film, plusieurs fois répété, en passant par la survenue d’une meute de chiens, ainsi que par quelques manifestations de grands oiseaux blancs plus ou moins menaçants. Mais, au fil des événements, c’est une petite troupe d’animaux qui se constitue, une troupe ayant trouvé un refuge sur une embarcation à voilure, troupe comprenant, outre Flow le chat, un capybara (sorte de rongeur ressemblant à un gros castor), un lémurien, un grand chien pataud et un des grands oiseaux blancs.

De ce fait, même si, comme on le comprend, le film décrit un monde post-apocalyptique sans plus aucune présence humaine, le réalisateur atténue ce que cette perspective peut avoir de terriblement angoissant. Puisqu’il s’agit d’une véritable odyssée, il reste, bien entendu, de nombreuses péripéties mettant les animaux en péril, mais ce qui domine, c’est cette conviction qu’il est possible de surmonter tous les obstacles et de vaincre les dangers dans la mesure où, malgré les différences, on est capable de s’unir. C’est la grande leçon du film, s’il faut en tirer une : unissons-nous malgré les différences et les antagonismes afin d’être plus forts, plus capables de déjouer les pièges et de sortir vivants des périls.

Ajoutons, pour finir, que cette histoire bénéficie d’une réalisation véritablement stupéfiante de virtuosité, de beauté dans le graphisme, de fluidité et de parfaite adéquation dans les comportements animaux. Dès le début et jusqu’à son terme, le film fascine par tant de savoir-faire, sans doute inspiré du talent d’un Hayao Miyazaki, mais aussi de certains jeux vidéo. Quoi qu’il en soit, son réalisateur, que ce soit d’un point de vue technique comme d’un point de vue esthétique comme d’un point de vue narratif, a composé une ode à la nature, à sa dangerosité et à sa beauté, qui, sans nul doute, fera date.

8,5/10

Luc Schweitzer

FLOW Bande Annonce VF (2024) Nouvelle

https://www.youtube.com/watch?v=vob8AGZM4Wc

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