Un film de Claude Barras.
Ce film d’animation, destiné aux petits (et aux grands) à partir de 6 ans, donne l’occasion d’admirer, une fois encore, le formidable savoir-faire des équipes qui travaillent selon la technique du stop-motion, au moyen de marionnettes photographiées de multiples fois pour donner l’illusion du mouvement. Avec Ma vie de courgette en 2016, Claude Barras avait clairement prouvé sa maîtrise de cette technique. Il nous revient aujourd’hui avec ce film écolo engagé, destiné à sensibiliser les enfants (et les adultes) sur les dangers de la déforestation à Bornéo.
Nous voici donc emportés, si l’on peut dire, dans le monde sauvage de la forêt de Bornéo, avec sa profusion d’espèces végétales et ses myriades de populations animales de toutes sortes. Ce remarquable écosystème est malheureusement menacé par des industriels désireux de transformer la forêt en plantations de palmiers fournissant une huile entrant dans la composition de nombreux produits alimentaires. Comment sensibiliser un public d’enfants à un tel sujet ? Eh bien, en le traitant par un conte à hauteur d’enfant !
Le cinéaste a donc imaginé l’histoire de Kéria, une petite fille qui recueille un bébé orang-outan dans la plantation où travaille son père, la mère du petit animal ayant été tué par un des exploitants. Un peu plus tard, c’est un jeune garçon, Selaï, un cousin de Kéria, qui trouve refuge chez cette dernière et son père afin d’échapper au conflit qui oppose sa famille d’autochtones aux compagnies forestières.
Un tel sujet pourrait donner lieu à un scénario très binaire avec, d’un côté, les bons « sauvages » et, de l’autre, les méchants exploiteurs. Heureusement, plutôt que de s’enliser dans cette dichotomie, le film s’oriente dans la direction d’un conte sur la quête d’identité de la petite Kéria qui découvre, d’événement en événement, à la fois qui elle est, quelle est son origine, et ce qu’il est advenu de sa mère (et aussi pourquoi son père s’est mis à travailler pour les compagnies forestières).
Le film invite, bien sûr, à la défense de la nature mais par le biais de la découverte émerveillée de la forêt, des animaux et des Penan, le peuple nomade qui y habite. Il le fait, qui plus est, en évitant les clichés, en particulier en montrant que les habitants de la forêt ne sont pas les « sauvages » que l’on croit (ou que l’on veut faire croire).
8/10
Luc Schweitzer