Un film de Emmanuel Courcol.
Emmanuel Courcol avait déjà démontré ses talents de metteur en scène et, en particulier, de directeur d’acteurs avec Un Triomphe, film de 2021 qui racontait comment un comédien de théâtre parvenait à monter En attendant Godot de Samuel Beckett avec des détenus du centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin. Cette aptitude à diriger les acteurs accomplit à nouveau des merveilles dans En fanfare, notamment avec les deux acteurs principaux du film, Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin. Deux personnalités très dissemblables mais qui, cependant, ont pour mission de jouer deux frères, Thibaut et Jimmy, deux frères, il est vrai, séparés depuis leur plus jeune âge et, de ce fait, ayant grandi dans des milieux très différents et parcouru des chemins très divergents. En somme, c’est un peu une énième variation sur la sempiternelle histoire qui avait fait le succès de La vie est un long fleuve tranquille (1988).
Cela étant dit, le film d’Emmanuel Courcol reste suffisamment attrayant pour se démarquer tout en restant accessible à un large public. D’autant plus que, comme je l’ai dit, on a affaire à deux acteurs talentueux et parfaitement dirigés. Thibaut (Benjamin Lavernhe) est un chef d’orchestre de grande renommée qui, parce qu’il apprend qu’il souffre d’une leucémie, apprend, du même coup, qu’il est un enfant adopté ayant un frère, lui aussi adopté mais par une autre famille. Or, de ce frère, il a besoin pour se soigner de sa leucémie, du fait de sa compatibilité pour un don de moelle osseuse. Ainsi découvre-t-on Jimmy, lui aussi musicien mais, beaucoup plus modestement, comme tromboniste au sein de la fanfare de sa petite ville du Nord, ce qui ne l’empêche nullement d’être doté d’une oreille absolue. Pour vivre ou plutôt vivoter, Jimmy n’a d’autre emploi que de travailler dans une cantine scolaire.
Deux réalités, deux milieux sociaux, l’un de petite bourgeoisie, l’autre de milieu très modeste, se rencontrent et s’interrogent sur leurs destinées respectives. Dans la cité du Nord, leurs emplois étant menacés, les ouvriers de l’usine locale sont en grève. L’un d’eux, celui qui dirige la fanfare, accepte, à contre-cœur, d’être délocalisé, ce qui oblige à trouver un nouveau chef d’orchestre. En fin de compte, c’est la musique qui rapproche, en dépit des différences, la musique omniprésente tout au long du film, musique classique, jazz ou chansons avec, en point d’orgue, un Boléro de Ravel à l’interprétation suffisamment novatrice pour ne pas paraître trop rabâché.
8/10
Luc Schweitzer
EN FANFARE - Bande-annonce officielle
EN FANFARE Au cinéma le 27 novembre 2024 Séances : https://www.en-fanfare.fr/ Un film de Emmanuel Courcol avec Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin et Sarah Suco En Sélection officielle du 77e Festival