Un film de Louise Courvoisier.
Dès les scènes inaugurales, nous voilà bien implantés dans la ruralité profonde, celle des terres jurassiennes. Au moyen d’un traveling, la caméra suivant le dos d’un homme en marche portant un fût de bière parvient jusqu’à Anthony (Clément Faveau), surnommé Totone. Nous sommes à une fête de village. Clope au bec, Totone, encouragé par une chanson reprise en chœur par la foule, se désape au soleil, devant tout le monde. Les scènes suivantes confirment notre première impression : Totone ne s’embarrasse d’aucune autre considération que de profiter de la vie en faisant la fête à grands coups de bière. Et quand sa petite sœur de 7 ans le dérange, il ne se prive pas de l’envoyer balader.
Mais les choses changent quand, suite au décès brutal du père, Totone se retrouve en charge de ladite petite sœur. Cette fois, il lui faut prendre ses responsabilités en trouvant des moyens de gagner sa vie et de subvenir aux besoins de l’enfant. De l’argent, il n’en a pas et, même s’il trouve un petit boulot, cela risque de ne pas suffire. C’est alors que l’idée lui vient de fabriquer son propre comté dans l’espoir de gagner un concours, ce qui lui rapporterait un chèque de 30 000 euros. L’idée est potentiellement bonne mais encore faut-il trouver le moyen de se procurer du lait, et un lait du pays, sans quoi il est impossible de faire un comté de qualité. Heureusement, Totone peut compter sur l’aide et le soutien de deux camarades. Pas besoin de les supplier pour faire les 400 coups. Et c’est ainsi que la bande de Pieds Nickelés trouve des moyens de voler du lait et s’essaie à la fabrication du fromage. Le film balance constamment entre drame et comédie. A plus d’une reprise, Totone est contraint de se battre contre des garçons du pays qui ne l’apprécient pas. Fort heureusement, la réalisatrice préfère l’ellipse et la suggestion plutôt que de tout montrer. C’est encore plus évident dans les scènes intimes entre Totone et Marie-Lise (Maïwène Barthelemy), une jeune agricultrice qui l’éduque, pourrait-on dire, sur le plan sentimental et sur celui de la sexualité. Dans ce récit d’apprentissage qui raconte joyeusement des rites de passage vers l’âge adulte, il s’agit d’une part d’apprendre à fabriquer du comté, de l’autre à pratiquer le cunnilingus ! C’est la singularité de ce film que d’évoquer ces choses sans jamais basculer dans l’obscénité. D’autres événements participent à l’éducation de Totone, par exemple le vêlage d’une vache durant une nuit. Disons que si ce film ne renouvelle pas fondamentalement le genre du récit d’apprentissage, il en décline les codes avec un tel savoir-faire qu’on en est épaté du début à la fin !
7,5/10
Luc Schweitzer
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VINGT DIEUX de Louise Courvoisier - Bande-annonce - au cinéma le 11 décembre 2024
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