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HIVER À SOKCHO

Un film de Koya Kamura.

 

 

Adapté du roman éponyme d’Élisa Shua Dusapin, ce film met en scène, avec grâce et poésie, la rencontre, dans une ville portuaire de Corée du Sud, de deux personnes esseulées : d’une part Soo-ha (Bella Kim), une jeune métisse franco-coréenne qui, quoiqu’ayant un petit ami mais auquel elle ne semble pas être très attachée, cultive surtout sa langueur, celle de ne pas connaître son père français ; d’autre part, Yan Kerrand (Roschdy Zem), un Français précisément, créateur de récits graphiques venu en Corée pour y trouver l’inspiration pour son nouvel album. Homme quelque peu revêche et désireux de solitude, il prend pension, pour une durée indéterminée, dans le petit hôtel où travaille Soo-ha.

Le film se construit dès lors, aussi finement écrit et réalisé qu’une dentelle, sur la relation entre ces deux personnages : sur le transfert qu’effectue Soo-ha, en mal d’un père absent, sur cet homme, ce Français, qui pourrait, d’une certaine manière, prendre la place laissée vacante, d’autant plus que Yan Kerrand semble, malgré son caractère abrupt, se prêter à ce jeu en demandant à la jeune femme de lui faire visiter sa ville. Tous deux font même une escapade du côté de la frontière nord-coréenne, dans la zone démilitarisée qui sépare les deux pays. Loin d’être dupe, le Français n’en apprécie pas moins, de temps à autre, la compagnie de la jeune femme.

Ainsi se déroule ce film, attentif à capter les moindres oscillations des cœurs et des corps. À plusieurs reprises, pour mieux en rendre les secrets, ce sont des séquences animées qui prennent le relais : joliment conçues et réalisées, elles expriment au mieux les rêves enfouis dans le profond du corps et du cœur. Comment dire autrement les pensées intimes de Soo-ha ? À cela s’ajoutent néanmoins de belles scènes quasi picturales qui expriment au mieux le rapport de la jeune femme à son propre corps, cette jeune femme qui, d’autre part, se plaît à cuisiner pour Yan Kerrand des plats coréens ou français, entre autres ce poisson, le fugu, dont l’ingestion peut être mortelle s’il n’a pas été préparé comme il faut !   

7,5/10

 

                                                                       Luc Schweitzer

 

Tag(s) : #Films
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