Un film de Laura Piani.
Il n’en paraît pas très souvent dans les salles obscures et pourtant, quand elles sont réussies, les comédies romantiques tombent toujours à point et, en général, connaissent un franc succès auprès des spectateurs. De plus, si elles sont françaises tout en étant fortement imprégnées d’esprit british, il n’y a vraiment plus à hésiter, on est quasi sûr de passer un excellent moment. C’est le cas, sans nul doute, avec ce film centré sur le personnage d’Agathe, interprété par Camille Rutherford, une actrice enthousiasmante.
Agathe travaille dans la célèbre librairie « Shakespeare § Co » du 5ème arrondissement de Paris et elle y recommande volontiers, aux clients, les romans de Jane Austen (1775-1817). Elle-même trompe sa solitude en s’essayant à l’écriture. Aussitôt, nous le devinons, nous sommes en présence d’un film qui repose, en grande partie, sur sa protagoniste principale, héroïne maladroite et rêveuse qui, sur le plan sentimental, même si elle n’a pas fait l’amour avec un homme depuis deux ans, se refuse à céder à ce qu’elle appelle le « sexe ubérisé ». En vérité, comme on le découvre petit à petit, on a affaire à une jeune femme qui, peut-être à cause d’un traumatisme ancien, a du mal à prendre quelque engagement que ce soit.
C’est donc sa sœur et, plus encore, son collègue de travail et ami Félix (Pablo Pauly) qui usent d’un stratagème pour l’envoyer en Angleterre, rien moins que dans la résidence de Jane Austen, transformée par ses héritiers en maison d’accueil pour écrivains, à charge pour eux d’y travailler sur un nouveau manuscrit. Obligée de surmonter sa phobie des transports, Agathe est accueillie en Angleterre par l’arrière-arrière-arrière petit neveu de l’autrice d’Orgueil et Préjugés, un certain Oliver (Charlie Anson) aux faux airs de Hugh Grant, lui-même féru de littérature mais, comme il ne tarde pas à l’avouer, peu friand des écrits de sa célèbre aïeule.
Dès lors, nous voilà en phase avec ce que ce film peut offrir de meilleur : toutes les séquences anglaises, avec l’apport des charmants excentriques qui dirigent la résidence, se dégustent comme une délicieuse combinaison de comédie et de mélancolie. La musique, en particulier celle de Schubert (Fantaisie en fa mineur), concourt à donner ce sentiment, ce mélange de légèreté et de gravité. La suite de ce film ne se raconte pas. Si elle n’est pas foncièrement originale, elle n’en a pas moins le mérité d’être écrite et réalisée avec un bonheur constant. Entre Félix, l’ami parisien d’Agathe qui se verrait bien devenir son petit ami, et le charmant Oliver dont il conviendrait de soigner certaines blessures intimes, qui peut réellement gagner le cœur d’Agathe ? La multitude des petits plaisirs qu’offre ce film devrait séduire de nombreux spectateurs…
8/10
Luc Schweitzer
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