Un film d’Arnaud Desplechin.
Ingmar Bergman dans Fanny et Alexandre (1983), Giuseppe Tornatore dans Cinema Paradiso (1988), Agnès Varda dans Jacquot de Nantes (1991), Martin Scorsese dans Hugo Cabret (2011) et surtout Steven Spielberg dans The Fabelmans (2022) : plus d’un cinéaste a évoqué, de façon directe ou détournée et, souvent, avec bonheur, la naissance de sa vocation (ou de celle de Jacques Demy dans le cas d’Agnès Varda). Ces scènes montrant la fascination d’un enfant découvrant la magie du cinéma, nous en percevons d’autant mieux l’impact et la beauté dans la mesure où nous-mêmes, spectatrices et spectateurs, en avons fait l’expérience, même si, pour ce qui nous concerne, cela n’équivaut pas à une vocation, sinon celle de demeurer résolument des spectatrices et des spectateurs précisément !
Spectateurs !: c’est justement le titre choisi par Arnaud Desplechin pour exprimer, à son tour, son amour immodéré du cinéma. Malheureusement, pourrait-on dire, ce dernier a opté pour un film de forme hybride, mi documentaire mi fiction, découpé en une douzaine de segments qui lui donnent l’apparence d’un devoir dûment effectué. Nous avons donc affaire à des scènes de fiction dans lesquels le réalisateur met en scène Paul Dedalus, son alter ego de cinéma, à différents âges de sa vie, alternant avec des assemblages documentaires divers et variés (interviews, archives, extraits de films) d’un intérêt parfois très relatif. Questionner les spectateurs d’une salle de cinéma à propos de la place qu’ils affectionnent, par exemple, c’est sympathique, certes, mais pas passionnant.
Beaucoup plus pertinentes sont les réflexions du cinéaste sur la place accordée aux « vaincus » ou aux laissés-pour-compte dans les films : ainsi de John Ford qui, au soir de sa carrière, dans Les Cheyennes (1964), rend hommage aux Indiens, filmant « dans la lumière un peuple parqué dans l’ombre ». Une autre longue séquence du film rend compte du choc que fut pour Arnaud Desplechin la découverte de Shoah de Claude Lanzmann en 1985.
En fin de compte, retenons surtout de ce film, malheureusement décousu, une déclaration d’amour au cinéma, cet art qui « nous permet de nous réapproprier le monde ». Ajoutons aussi, pour finir, tant c’est important, qu’on apprécie le mieux le cinéma dans les salles obscures plutôt que devant un écran chez soi, à la maison. Rien ne vaut les salles de cinéma, c’est dit !
6,5/10
Luc Schweitzer
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SPECTATEURS! d'Arnaud Desplechin - Bande-annonce officielle
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