Un film de Antoine Chevrollier.
La pampa dont il est question dans ce film ne se situe pas en Argentine mais, plus prosaïquement, aux abords d’un village du Maine-et-Loire et désigne un terrain de moto-cross. Ceux qui s’adonnent à ce sport sont jeunes, encore lycéens, et le moins qu’on puisse dire est qu’ils n’ont pas froids aux yeux. Preuve en est donnée dès le début du film où l’on voit des jeunes à moto, non pas sur le terrain de moto-cross mais sur une route secondaire au croisement d’une route départementale très fréquentée. Les motards se lancent des défis au point que l’un d’eux décide de s’élancer sur le bitume et de traverser à toute allure la départementale en grillant le stop. Le pari est fou mais pas question pour Jojo (Amaury Fourcher) de renoncer, malgré les supplications de Willy (Sayyid El Alami), son meilleur ami.
Le ton du film est donné. Bientôt, nous retrouvons les motards sur la piste de moto-cross. Jojo, stimulé par son père (Damien Bonnard) et sous la direction de son entraîneur (Artus) prépare le championnat de France de sa discipline. Par petites touches, de scène en scène, le réalisateur met en évidence les caractères très ambivalents des deux amis : solaire et audacieux, Jojo contraste avec Willy qui, ne se remettant pas du décès de son père, paraît plus sombre, plus révolté, séchant volontiers ses cours, au grand désespoir de sa mère qui doit se débrouiller toute seule pour élever Willy et sa petite sœur.
Le film bascule lorsque Willy découvre, sans le faire exprès, un secret que Jojo avait jusque là gardé précieusement pour lui. L’amitié des deux garçons reste sauve, mais il faut bientôt compter avec les autres personnages, les motards, le père de Jojo et autres. Car le secret de Jojo n’en est bientôt plus un. Dans une petite bourgade, on le devine, les rumeurs circulent vite. Il y a même une vidéo que l’on se partage sur les téléphones portables. Tout cela alors que, de son côté, Willy entame une relation avec Marina (Léonie Dahan-Lamort), une étudiante en Beaux-Arts vite cataloguée mais qui ne manque pas de repartie.
Sur fond de compétition de moto-cross, en vérité, le réalisateur s’attache à décrire un microcosme, celui d’un village dans lequel l’exaltation de la virilité, la mainmise du patriarcat et tous les schémas conventionnels sont encore vivaces, entre autres les idées reçues sur l’homosexualité, ce qui donne lieu à des scènes d’intense dramaturgie. Le sentiment de tristesse et de gâchis que l’on ressent lorsque l’irréparable a lieu, rien ne peut vraiment le tempérer, pas même la caméra filmant la douceur angevine.
7,5/10
Luc Schweitzer
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