Un film de Cyprien Vial.
En 1976, en Guadeloupe, le volcan de la Soufrière menaçant d’entrer en éruption, le préfet ordonna de déplacer l’ensemble des habitants de Basse-Terre, soit près de soixante-quinze mille personnes, dont un grand nombre qui perdirent leur emploi et ne purent jamais regagner leur domicile. C’est cet événement méconnu qui a inspiré Cyprien Vial, lui-même passionné par les volcans depuis son plus jeune âge.
Cela étant, ce sont les répercussions sociétales qui intéressent le réalisateur, davantage que le volcan. Il ne faut pas s’attendre à voir des images de film-catastrophe telles qu’on a pu en voir dans d’autres longs-métrages. Pas de scènes sensationnelles, coulées de lave ou autres phénomènes liés aux volcans. Ce sont les antagonismes entre la population et les autorités, politiques ou scientifiques, qui forment l’essentiel du film, lui donnant du même coup des accents d’authenticité qui le rendent crédible et passionnant. Le film fut d’ailleurs plutôt bien accueilli, en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane.
Cyprien Vial met en scène deux vulcanologues, Katia Reiter (Marina Foïs), scientifique aguerri qui n’en est pas à son coup d’essai, et Aimé Lubin (Théo Christine), lui-même natif de l’île et en période d’apprentissage de son métier. Tous deux, chargés de surveiller la Soufrière, ayant détecté des signes d’un possible réveil du volcan, n’ont d’autre choix que d’alerter le préfet. Or ce dernier, s’appuyant sur le principe de précaution, décide aussitôt de faire évacuer une partie de la population, contre l’avis de Katia Reiner pour qui il n’y a pas d’urgence.
C’est le début d’une succession de tensions, voire de conflits, de tous ordres, s’entremêlant et persistant durant la majeure partie du film. Entre Katia Reiter et le préfet, l’entente n’est jamais au rendez-vous. Mais, entre Katia et son adjoint Aimé, les choses se dégradent rapidement, chacun ayant un avis différent sur ce qu’il convient de faire. À cela s’ajoutent les rancœurs et même les révoltes d’une partie de la population évacuée, certains n’hésitant pas à forcer des barrages pour rejoindre de force leur domicile. Ce qui apparaît, de manière évidente, c’est le malaise, voire le ressentiment, de certains Guadeloupéens ayant le sentiment qu’il reste quelque chose des vieux démons de la colonisation.
Certes, la Soufrière reste bien présente au long du film et l’on assiste à plusieurs expéditions des vulcanologues sur le terrain. Mais, je le répète, le scénario privilégie les relations houleuses entre les divers protagonistes ainsi qu’avec la population locale, fatiguée par les avis contradictoires qui sont énoncés ainsi que par des décisions qu’elle juge incompréhensibles. Tout cela est parfaitement mené par un réalisateur dont on ne peut que louer la direction d’acteurs. Marina Foïs parvient à merveille à donner de l’épaisseur à son personnage, tout comme Théo Christine, révélation du film.
8/10
Luc Schweitzer
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MAGMA Bande Annonce (2025) Marina Foïs, Théo Christine
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