Un film de Bong Joon-ho.
Nombreux étaient les cinéphiles qui attendaient le nouveau film de Bong Joon-ho, après le succès de Parasite, palme d’or 2019 du festival de Cannes. Le film qui sort aujourd’hui sur nos écrans fut tourné dès 2022 mais dut être remanié. D’une certaine façon, ce retard est une bonne chose, tant ce film, par certains de ses aspects, colle à l’actualité de 2025. En effet, Bong Joon-ho y met en scène un personnage d’autocrate du nom de Kenneth Marshall (joué par Mark Ruffalo) en qui l’on peut reconnaître sans peine un docteur Folamour à la fois clownesque et inquiétant inspiré tant d’Elon Musk que de Donald Trump. Si le film était sorti en 2022, peut-être aurait-on trouvé ce personnage caricatural. Aujourd’hui, on est effaré par la ressemblance troublante entre ce ploutocrate risible et angoissant et ceux qui, de fait, gouvernent les États-Unis.
Cela étant dit, force est de reconnaître, en dépit de certaines de ses qualités, que le nouveau film de Bong Joon-ho n’est pas entièrement satisfaisant. La faute en revient, sans nul doute, au manque d’imagination d’un réalisateur qui se contente ici de recycler les thèmes et les représentations qui firent le succès de ses films précédents. De ce fait, Mickey 17 ressemble à un film fourre-tout qui, passé la première demi-heure, peine à susciter davantage qu’un intérêt poli.
C’est d’autant plus regrettable que le début du film surprend et intrigue comme il faut. Nous sommes en 2054 en compagnie des occupants d’un vaisseau spatial (dirigé donc par le dictateur dont j’ai parlé précédemment) chargé de coloniser une planète gelée du nom de Niflheim. Or, l’un des passagers est un cobaye du nom de Mickey Barnes (Robert Pattinson jouant le grand benêt naïf) qui n’est autre qu’un spécimen corvéable, jetable et remplaçable à l’infini. Interdite sur Terre mais admise dans un vaisseau spatial, une technologie nouvelle permet de laisser mourir Mickey à la tâche pour le réimprimer aussitôt en un autre modèle. Le Mickey que nous voyons est donc le 17ème de la série.
Or, quelque chose d’inattendu se produit. Alors que l’on croit que Mickey 17 est mort lors d’une mission sur la planète Niflheim, on se hâte de le réimprimer en un 18ème modèle. En vérité cependant, Mickey 17 réapparaît, bel et bien vivant, si bien qu’il existe dorénavant deux exemplaires du même personnage, ce qui provoque une belle pagaille. On le voit, toute cette première partie du film, étonnante, laisse présager un film singulier. Hélas, non, la suite est beaucoup plus convenue puisqu’elle se contente, comme je l’ai dit, de recycler, de manière assez confuse, les recettes que Bong Joon-ho a utilisé dans des films précédents. Les sortes de cafards géants qui peuplent la planète Niflheim font aussitôt songer à ce qu’on a pu voir dans Okja en 2017 par exemple. Le film souffre d’un manque d’idées, la satire politique et écologique qu’il propose vient certes à point nommé mais paraît insuffisante si on la compare à d’autres films. Quant à Robert Pattinson, il veut tellement accentuer le clivage entre les deux versions de son personnage (Mickey 17 et Mickey 18) que son jeu en devient exagéré, presque mauvais !
6/10
Luc Schweitzer
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Mickey 17 | Bande-Annonce officielle (VOST) | Bong Joon-ho, Robert Pattinson, Mark Ruffalo
Ça fait quoi de mourir ? - Mickey 17, réalisé par Bong Joon-ho - au cinéma le 29 janvier 2025. #Mickey17