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JE REVIENDRAI

Un album de 9 chansons de Chantal Grimm sur des textes de Henri Gougaud.

 

Auteure, compositrice et conteuse : ainsi se présente Chantal Grimm sur son site internet. Elle a enregistré plusieurs albums, dont un, particulièrement remarquable, qui est entièrement consacré aux poétesses du Moyen-Âge et de la Renaissance, Ballades des Belles Rebelles, réédité trois fois, entre autres dans l’excellente collection des éditions Epm, « Poètes et chansons ».

C’est également à un poète, conteur et auteur de chansons qu’est consacré le nouvel album de Chantal Grimm : Henri Gougaud  (1936-2024) dont j’ai déjà eu l’occasion de vanter le talent sur mon blog. Pour lui rendre hommage, Chantal Grimm a soigneusement sélectionné 9 de ses poèmes qu’elle a mis en musique et qu’elle chante (avec, sur deux des titres, la participation de Christian Mounier).

L’album est on ne peut plus enthousiasmant et reflète superbement l’expression affinée, parfois incisive et impertinente, d’un poète à la sensibilité anarchiste, tout comme le furent un Léo Ferré et un Georges Brassens. Cette joyeuse insolence apparaît dès la première chanson de l’album (Moi j’aurais voulu), chanson qui égrène comme il faut les jolis pieds de nez : (« j’aurais voulu être… cantatrice, lavandière à la Maison Blanche, maîtresse d’un pape défroqué, prostituée à l’Elysée… ou même cantinière à l’Armée du Salut !). Néanmoins, la chanson se conclut sur une question : « Mais pour l’heure où est la vie ? »

La vie, justement, est au cœur des deux chansons qui suivent. C’est dans Graine de vie qu’intervient le « Je reviendrai » qui donne son titre à l’album, promesse de grâces à venir : « la fontaine débordera du creux de tes mains ». Quant à Vivre, c’est un hymne à la vie, celle qu’il faut cueillir maintenant, celle qu’il faut transmettre à ceux qui viendront : « Vivre au fil des mes ruisseaux / Ignorer le sens du mot demain… et cependant : Vivre comme l’on écrit un chant d’amour / Aux hommes du futur).

Mais Henri Gougaud reste surtout un homme attentif à l’aujourd’hui, à ses folies, à ses cruautés. Dans La Course à l’envie, il dénonce, sur l’air joyeux composé par Chantal Grimm,  le consumérisme fou de notre temps : « Le cœur à l’envers / On se perd dans le fric ». Et dans Rêve d’Afrique en métro, il ne se détourne pas d’un chanteur et musicien venu d’Afrique et chantant dans le métro.

Les talents de conteur de Henri Gougaud ne sont pas oubliés. Preuve en est La Belle et le Bandit, avec son brigand qui voulait voir la belle nue mais qui, après l’avoir, au contraire, vêtue pour qu’elle ait chaud, pleure au matin de la voir s’en aller. La chanson grandiose, elle, se veut « la folle complainte des amants dissonants ». Reste la touchante histoire du « petit garçon qui ne parlait pas » et le message d’un père à sa fille dans Difficile à dire, un père qui fut jeune durant les années 60, qui crut, avec d’autres, à la révolution, à la fraternité, mais qui, au bout du compte, avec « des riens dans la bouche », n’a que ceci à transmettre : « Vivre avec la rage d’amour en tête ».

Tous ces textes, Chantal Grimm les magnifie par ses mélodies, ses compositions, ses interprétations, les arrangements et le concours d’excellents musiciens. L’album est un joyau qu’on aura plaisir à écouter et à réécouter, sans nul doute.

8,5/10

 

                                                                       Luc Schweitzer

Tag(s) : #Chansons, #Musiques
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