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K.O.

un film de Fabrice Gobert.

 

Faire passer un homme d'une réalité à une autre, à moins que ce ne soit d'une réalité à un cauchemar (ou le contraire), c'est ce que réussit avec pas mal de brio le réalisateur de ce film (réalisateur à qui l'on doit déjà la série « Les Revenants »). L'exercice n'est pas facile, mais le film est suffisamment bien écrit et bien dirigé pour nous emporter dans son étrangeté.

Ce qui donne à l'histoire sa force, c'est que, pour commencer, on a affaire au pire individu qui soit : Antoine Leconte (Laurent Lafitte), un requin des médias, bardé de sa supériorité et méprisant ouvertement ses collaborateurs. En quelques scènes, le temps d'une nuit, son arrogance et sa froideur se manifestent sans retenue et tous ceux qu'il rencontre en font les frais : un pugiliste qui se bat pour lui, sa maîtresse d'un soir, son épouse (Chiara Mastroianni) et sa fille. Personne ne sort indemne des griffes d'un homme aussi hautain.

Or c'est précisément cet homme-là que le film fait basculer brutalement d'un monde à un autre. Blessé par un coup de feu tiré par un des collaborateurs qu'il avait humilié, il séjourne à l'hôpital et n'en sort que pour découvrir, médusé, une réalité totalement différente de celle qu'il connaissait. Tout a changé ou presque. Il retrouve certes les mêmes personnes qu'avant, mais avec une autre fonction ou un autre statut. Son épouse est à présent sa supérieure hiérarchique, il ne peut plus accéder à sa propre maison, ses collaborateurs ont changé de postes et lui-même en est réduit à n'être rien de plus qu'un présentateur météo. Quant à la cicatrice qui dépare sa poitrine, elle est due, lui affirme-t-on, à une opération coronarienne et non pas à une balle comme il le prétend.

De quoi s'y perdre ! Réalité, mensonge, rêve... On ne sait pas. Tous les repères sont bousculés, l'homme arrogant du début du film se change en un enfant apeuré qui serait tout à coup projeté et enfermé dans le pire de ses cauchemars. Qu'un homme de cette sorte se trouve tout à coup dépouillé de toute sa suffisance, sans plus rien à quoi se raccrocher, ce n'est pas banal ! On en viendrait presque même à le prendre en pitié...

Fabrice Gobert, le réalisateur, réussit plutôt bien à intriguer le spectateur et à le dérouter juste ce qu'il faut. On peut quand même estimer que le film est un poil trop long et qu'il ne gagne pas grand chose aux références multiples dont il s'encombre vers la fin (« Fight Club » ou « Mulholland Drive » par exemples).

7,5/10

Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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