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CRY MACHO

Un film de Clint Eastwood.

 

 

Vieux routier du cinéma s’il en est, âgé de 91 ans, il n’est pas question de retraite pour Clint Eastwood, ni comme réalisateur ni comme acteur puisqu’il remplit ces deux fonctions dans ce nouveau film. Chapeau, il faut le faire et, bien sûr, en tant que spectateurs, nous n’avons qu’une envie : aimer ce film, en dire beaucoup de bien ! Néanmoins, même si l’on veut rester très indulgent, force est de reconnaître que ce nouvel opus, s’il ne manque pas de quelques qualités, n’en déçoit pas moins par bien des aspects.

L’action débute au Texas, en 1979. Mike (Clint Eastwood), ex champion de rodéo qui s’est brisé le dos à cause d’une mauvaise chute, n’est plus à présent qu’un vieillard qui se traîne et qui n’a plus grand-chose à attendre de la vie. Pourtant, un an plus tard, son ancien patron vient le voir pour lui confier une improbable mission : aller au Mexique et lui ramener son fils, un adolescent de 13 ans, retenu là-bas par sa mère.

Dès ce moment, nous voilà en territoire bien connu, bien balisé. Eastwood raffole de ces histoires de héros qui, tout en ayant une apparence très ordinaire, parviennent à se surpasser pour mener à bien la mission qui leur est confiée. Rien de nouveau, le cinéaste ressasse un de ses sujets favoris et, malheureusement, il le fait sans rien apporter d’inédit. On sait d’avance que Mike, malgré ses airs de petit vieux et sa démarche quelque peu hésitante, va nous surprendre et c’est ce qui se produit.

On accepterait volontiers, cependant, d’admirer le périple de notre héros (ou, si l’on préfère, anti-héros) si le film ne s’embarrassait pas de beaucoup d’autres défauts, d’incohérences, d’invraisemblances. Clint Eastwood ne manque pas de talent pour raconter des histoires, il sait où placer sa caméra et il y a toujours, dans ses films, de remarquables plans. C’est le cas, à nouveau, mais quel dommage que de telles qualités soient mises au service d’une succession de stéréotypes et d’anomalies !

D’abord, l’on constate avec dépit que le Mexique et les Mexicains, qui sont les principaux protagonistes du film, n’ont droit qu’aux invariables clichés que peu de cinéastes des États-Unis savent éviter lorsqu’il s’agit de ce pays : pauvreté et corruption généralisées, on n’échappe pas à ces poncifs. On a même droit à un portrait particulièrement gratinée, celui de la mère du jeune garçon que Mike doit ramener au Texas, une nymphomane qui n’hésite pas à proposer ses charmes à ce dernier ! Quant à l’adolescent, non seulement il est interprété par un jeune acteur dénué de talent, mais son personnage n’est pas crédible ou, en tout cas, il est incohérent. Livré à lui-même, puisque sa mère reconnaît qu’elle a été incapable de l’élever, présenté comme un garnement qui ne s’intéresse qu’aux combats de coqs (c’est le sien qui porte le nom de Macho !), on a affaire, en fin de compte, à un garçon poli, gentil, respectueux de la religion catholique, se préoccupant de savoir si Mike croit en Dieu, etc. Tout cela est peut-être bourré de bonnes intentions, mais ce n’est guère plausible. Il en est d’ailleurs de même pour ce qui concerne le personnage de Mike : comment peut-on croire un seul instant que celui qui apparaît comme un vieillard puisse encore enfourcher un cheval fougueux, se sortir indemne de toutes les embûches et de tous les accidents et même se permettre de faire encore le joli cœur avec une femme beaucoup plus jeune que lui ? Même si l’on est très indulgent, cela fait tout de même un beau paquet d’improbabilités ! Allez, il reste néanmoins la belle leçon de morale que Mike se plaît à transmettre à son jeune compagnon : toute sa vie, on veut prouver aux autres qu’on est quelqu’un pour, au bout du compte, admettre qu’on ne sait rien !  

4/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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