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OLGA

Un film de Elie Grappe.

 

 

Ce premier film du réalisateur franco-suisse Elie Grappe commence sur des chapeaux de roues, c’est le cas de le dire, au point qu’on se croirait dans un véritable thriller. Olga, jeune gymnaste que l’on vient de voir à l’entraînement est ramenée à la maison, en voiture, par sa mère. Tout à coup, alors que rien ne le laissait présager, elles sont heurtées violemment par un autre véhicule. Affolées, la mère et la fille réussissent néanmoins à distancer l’automobile qui les a prises en chasse.

C’est de cette manière, brutale et inattendue, qu’est introduit le sujet du film : si la jeune Olga (Anastasia Budiashkina), 15 ans, se passionne pour sa discipline sportive au point de vouloir concourir à l’Euro de Gymnastique, sa mère Sasha (Sabrina Rubtsova), quant à elle, est une femme tout aussi engagée dans sa propre discipline, le journalisme, si engagée qu’elle ne se prive pas d’écrire des articles critiquant le pouvoir en place, celui du président Ianoukovytch. Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons pour lesquelles des individus ont essayé de provoquer un accident fatal.

Se sentant trop menacée pour la garder auprès d’elle, la mère décide alors d’envoyer sa fille en Suisse. Elle y est accueillie par ses grands-parents, puisque son père, décédé, était de nationalité helvétique. Olga, à l’abri, peut se consacrer pleinement à sa discipline sportive, se préparer comme il faut aux championnats d’Europe. Elle peut même, si elle le veut, adopter la nationalité suisse (ce qui la priverait de la nationalité ukrainienne, ce pays n’acceptant pas la double nationalité). Mais les réalités politiques viennent la rattraper : nous sommes en 2013, la révolution gronde à Kiev et elle est férocement réprimée par les forces de police. La mère d’Olga, considérée comme une opposante, se trouve encore plus en danger. Jusqu’aux événements tragiques qui ont ensanglanté la place Maïdan en février 2014.

C’est en tenant fortement compte de ces ambivalences (d’un côté la paisible Suisse, de l’autre les soubresauts de l’Ukraine ; d’un côté la détermination d’une jeune gymnaste, de l’autre l’engagement d’une femme pour « libérer » son pays) que Elie Grappe est parvenu à construire un poignant film d’apprentissage. Celui-ci paraît d’autant plus convaincant que, pour jouer le rôle d’Olga, le réalisateur a fait appel à une authentique gymnaste. En fait, si Anastasia Budiashkina impressionne du point de vue de ses performances sportives, elle en impose tout autant du point de vue de son jeu d’actrice. Forte et fragile à la fois, résolue à réussir dans sa discipline, mais ébranlée par les nouvelles venues d’Ukraine, tiraillée entre la sécurité qu’offre la Suisse et le besoin d’être aux côtés de sa mère en danger, elle ne laissera, sans nul doute, aucun spectateur de ce film indifférent. 

8/10

 

                                                                                                   Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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