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LES MAGNÉTIQUES

Un film de Vincent Maël Cardona.

 

 

C’est une sorte d’ « à la recherche du temps perdu » que nous propose Vincent Maël Cardona avec ce film revisitant un passé pas très éloigné de 2021 mais qui paraît cependant presque archaïque au regard de ce dont nous disposons de nos jours. D’entrée de jeu, l’action en est située très précisément puisque le réalisateur nous fait voir, sur d’antédiluviens postes de télévision, l’apparition à l’écran du nouveau président de la République, François Mitterrand. Nous sommes le 10 mai 1981, il n’y a pas encore d’ordinateurs ni de téléphones portables, mais il souffle comme un vent de liberté qui fait se répandre, entre autres, une floraison de radios libres que des animateurs jeunes et fougueux animent avec les moyens du bord, en utilisant les fameuses cassettes à bandes… magnétiques de ce temps-là.

Tout en reconstituant avec soin l’environnement et les réalités de ce début des années 80, le film ne se complaît pas, à proprement parler, dans la nostalgie. Car s’il met en scène des jeunes gens animés de cette passion pour leur radio libre, il ne dissimule nullement les aléas et les difficultés de leur vie quotidienne. Et puis, si l’élection de Mitterrand a provoqué, sur le coup, de l’enthousiasme chez certains, celui-ci n’a pas tardé à se dégonfler comme une baudruche. Pour Philippe (Thimotée Robart) et son frère Jérôme (Joseph Olivennes), la vie est assez morne lorsqu’il faut rentrer à la maison et retrouver leur père garagiste. Entre ce dernier et Jérôme, les conflits ne sont pas rares.

Mais c’est à la destinée de Philippe que le film s’attache particulièrement, d’autant que ce garçon, en même temps qu’il s’éprend de Marianne (Marie Colomb), jeune et charmante coiffeuse, apprend, après avoir échoué à tenter de se faire réformer, qu’il doit aller accomplir son service national à Berlin. Eh oui, en ces années-là, il fallait encore en passer par là. Une bonne partie du film consiste donc à accompagner Philippe dans sa caserne où, par chance, il découvre des installations radio qui lui permettent d’essayer d’envoyer un message à sa bien-aimée Marianne. Tandis que Jérôme, de son côté, s’enfonce dans une voie d’autodestruction, Philippe ne songe qu’à retrouver Marianne. Mais on pressent déjà de grands désenchantements.

Si la reconstitution de ce début des années « Mitterrand » parvient sans peine à convaincre, le film ne réussit cependant pas à tenir toutes ses promesses. Son gros défaut, c’est son casting. Les trois personnages principaux ne parviennent jamais, tout au long, à susciter un grand intérêt. D’une part, pour ce qui concerne Jérôme et Marianne, parce qu’ils restent trop à l’état d’ébauches et qu’on a du mal à saisir leurs motivations. D’autre part, pour ce qui concerne Philippe, parce que la nature même de son personnage est d’être mutique, peu expressif. C’est quand il fait de la radio qu’il s’exprime, au moyen des musiques et des sons. Mais cela ne suffit malheureusement pas à en faire quelqu’un d’attachant. Le film se regarde donc avec une attention polie, mais rien de plus. On aurait aimé avoir affaire à des personnages plus charismatiques. 

6,5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

 

Tag(s) : #Films
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