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LOST RIVER

un film de Ryan Gosling.

 

"Quel cauchemar! Mais quel cauchemar". C'est ce que ne cessait de répéter une spectatrice d'un certain âge me précédant au sortir de la salle où venait d'être projeté ce film. Je le reconnais moi-même volontiers: oui, il est préférable de s'abstenir d'aller le voir si l'on est, comme on dit, une âme sensible.
Pour les autres, s'il est vrai que cette première réalisation de Ryan Gosling (qu'on a connu, jusqu'ici, comme acteur) peut être perçue, en effet, comme un long cauchemar, elle peut aussi exercer un réel pouvoir de fascination. Bien sûr, il ne manquera pas de cinéphiles pour reprocher au réalisateur d'être trop resté sous l'influence de ses pairs et, en particulier, de ceux pour qui il a lui-même fait l'acteur. Cependant, mon sentiment, c'est que, si influence il y a, elle ne supprime nullement l'originalité d'un regard qui demeure singulier.
Ryan Gosling a su habilement tirer parti et des décors et des acteurs qu'il a choisis pour son premier film. Les décors, ce sont ceux d'une ville quasiment abandonnée, des maisons en ruine ou prêtes à s'effondrer ou en cours de démolition. Et non loin de là, une rivière transformée en lac depuis qu'on y a construit un barrage. Et, sous les eaux du lac, un parc d'attraction et des demeures englouties.
Tous ces décors sont formidablement filmés et habités par les personnages. Billy, une mère célibataire de deux enfants, qui persiste à vouloir habiter dans ce lieu et qui, pour ce faire, devra consentir à accepter une offre de travail dont elle préférerait se passer, d'autant plus qu'elle émane d'un personnage plutôt louche prénommé Dave. Elle devra pourtant s'exhiber dans une ahurissante maison dédiée au plaisir des mâles! Bones, le fils aîné de Billy, l'ami de coeur d'une fille surnommée Rat, Bones qui essaie de se rendre utile en hantant les ruines de la cité désertée pour y récupérer des matériaux qu'il essaie de vendre. Mais Bones qui se heurte à un petit despote qui a juré d'être le seul maître des ruines, un despote qui parade dans une décapotable sur laquelle il a fixé un fauteuil. Et d'autres personnages encore, dont certains, malheureusement, trop peu exploités (le chauffeur de taxi joué par Reda Kateb, par exemple).
Certains critiques ne manqueront pas de souligner les défauts de ce film. Il y en a, je l'ai dit. Mais il y a aussi et surtout un grand talent qui se révèle: Ryan Gosling a construit son long-métrage en associant avec plein d'inventivité l'univers du film noir à celui du fantastique, voire même à celui du gothique (car il est aussi question d'une malédiction et du moyen de s'en défaire). Il a composé, c'est vrai, un univers de cauchemar... Mais que ce cauchemar est fascinant à voir!

8/10

Luc Schweitzer, sscc

Tag(s) : #Films
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