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BACURAU

Un film de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles.

 

 

Au commencement était un bon film… Mais au commencement uniquement. On peut se laisser captiver, en effet, par les deux ou trois premières scènes. Elles impressionnent, elles sont filmées avec un indéniable savoir-faire. Une camionnette roulant sur un chemin quelque part dans le sertão brésilien et écrasant à son passage des cercueils abandonnés sur le bord, avant de devoir se faufiler à travers un barrage routier. Un village perdu nommé Bacurau, village dont les habitants découvrent qu’il a disparu purement et simplement des cartes. Des villageois rassemblés pour les funérailles de Carmelita, une matriarche morte à l’âge de 94 ans, dont le cercueil laisse curieusement sourdre de l’eau. Autant de scènes très réussies laissant présager un film de qualité.

Malheureusement, il faut vite déchanter. Rapidement, le film se fourvoie dans un assemblage de séquences dont on a l’impression qu’elles sont agencées de manière presque arbitraire. Manifestement, les réalisateurs ont voulu proposer une sorte de parabole sur ce que risque de devenir le Brésil depuis l’accession au pouvoir de Bolsonaro. Mais ils s’y prennent très mal, situant leur histoire dans un futur proche figuré exclusivement par un drone ridicule ayant la forme d’une soucoupe volante !

Car, il faut le dire, on a affaire à une sorte de western d’anticipation, qui fait s’affronter deux camps, celui des villageois de Bacurau contre celui d’étrangers, de bandits sans doute fascistes venus en découdre avec eux en commençant par les assoiffer. Les premiers ayant beau n’être munis que d’armes de musée, alors que les seconds sont équipés comme de vrais guerriers, ils n’ont pas l’intention de se laisser tirer comme des lapins, on l’imagine. Les réalisateurs concoctent des scènes en conséquence, sans avoir d’autre perspective qu’une histoire de violence extrême. Macchabées baignant dans leur sang, corps affreusement mutilés, têtes coupées… Quelles que soient les intentions des réalisateurs, ils ne nous épargnent rien, ils filment toutes ces horreurs avec ce qui ressemble à de la complaisance. Ce film mal fichu et ultra violent n’en a pas moins reçu le prix du Jury au dernier festival de Cannes. Incompréhensible. 

3/10

 

                                                                       Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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