Un film de Denis Villeneuve.
Faut-il s’extasier, comme le font certains critiques, sur cette nouvelle adaptation du roman de science-fiction de Frank Herbert (1920-1986), roman qui fut d’ailleurs le premier volet d’un cycle de six volumes ? Même si le film de Denis Villeneuve ne manque pas de qualités, pour ma part, il me laisse une impression pour le moins mitigée. Certes, le réalisateur canadien fait mieux que son prédécesseur David Lynch qui, avec sa propre adaptation de Dune en 1984, avait signé son film le plus décevant. D’autres réalisateurs avaient également caressé ce projet sans parvenir à le mener à terme, tout particulièrement Alejandro Jodorowsky. C’est donc Denis Villeneuve qui, en fin de compte, s’y est attelé, proposant la première partie d’une adaptation qui, si elle se conclut, se proposera sous la forme d’un diptyque.
Comme tous les meilleurs récits de science-fiction, le roman de Frank Herbert aborde des thématiques qui résonnent très fortement avec le monde qui est le nôtre, que ce soit en 1965, année de la parution du livre aux États-Unis, ou aujourd’hui, en 2021, et peut-être encore davantage aujourd’hui. Surexploitation d’une matière première ; oppression, voire extermination d’un peuple : tels sont les deux thèmes forts qui imprègnent le récit et qui, bien sûr, nous interpellent. Tous deux sont présents, évidemment, dans le film de Denis Villeneuve, mais de manière presque diffuse, comme s’ils se perdaient dans une surabondance de dialogues explicatifs qui, malheureusement, mettent trop en avant un autre des thèmes traités dans le film, mais un thème moins intéressant parce que décliné dans la banalité, celui du messianisme.
En effet, cet aspect, en l’occurrence, manque singulièrement d’originalité, tout en ayant tendance à envahir le film. De quoi est-il question ? D’un prince nommé Paul Atréides (Thimotée Chalamet), désigné comme « l’élu », celui qui, avec son clan, doit combattre les forces du mal et, si possible, protéger un peuple menacé d’extermination, le peuple Fremen, tout en ayant la mission d’exploiter les ressources de leur planète, la planète Arrakis, réputée pour fournir une substance appelée « l’épice », sorte de drogue qui rend possible la navigation interstellaire. Or les Fremen sont dans l’attente d’un « messie » qui doit mener en leur nom une « guerre sainte » et, ainsi, les délivrer de leurs oppresseurs. Malheureusement, alors que ce récit est porteur de thématiques qui pourraient s’avérer passionnantes, il s’enlise dans sa phraséologie explicative sur le messianisme supposé de Paul Atréides qui, lui-même, découvre avec stupeur que cela signifie qu’il doit être un chef de guerre. Et l’on se perd dans les banalités déplorablement fréquentes dans ce genre de films à grand spectacle (et qui sont, pourtant, évitables, preuve en est la série Game of Thrones).
Bien sûr, certaines scènes du film de Denis Villeneuve nous en mettent plein les yeux, même si on peut estimer qu’il n’y a rien de vraiment nouveau. À de nombreuses reprises, au cours de la projection, j’ai ressenti une impression de déjà-vu. Même les attaques du ver géant des sables, certes très impressionnantes, ne diffèrent pas tellement, en fin de compte, de ce qu’on voyait déjà dans le film de David Lynch. D’une certaine façon, on peut même considérer que tout cela tend, chez Denis Villeneuve, vers la platitude. D’ailleurs, contrairement à beaucoup d’autres critiques, je n’ai guère été ébloui par le jeu de Thimotée Chalamet, pas plus que par les prestations des autres membres du casting. Quant à la musique de Hans Zimmer, elle se distingue surtout en étant envahissante, assourdissante et horripilante !
6/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
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Dune - Bande-Annonce Officielle (VOSTFR) - Denis Villeneuve, Timothée Chalamet
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