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COUPEZ !

Un film de Michel Hazanavicius.

 

 

Les courtes séquences proposées comme bandes-annonces dans les cinémas ou celles qui ont été montrées dans les journaux télévisées ont mis en alarme des personnes bien intentionnées. Un film de zombies à Cannes ! De telles horreurs projetées pour un public qui sera peut-être composé, en partie, de spectateurs sensibles dont les esprits risquent d’être durablement chamboulés !!! Arrêtons là ! En vérité, il n’y a vraiment pas de quoi s’affoler ! Non seulement le film de Michel Hazanavicius n’a rien de réellement terrifiant mais, qui plus est, il déconstruit avec malice le genre en question, le film de zombies, dans un grand éclat de rire. Après l’avoir vu, plus aucun spectateur ne se laissera impressionner par un spectacle de morts-vivants !

Même la première partie du film, qui consiste en un long plan-séquence d’une durée de trente-cinq minutes, ne risque guère d’épouvanter qui que ce soit. On a vite fait de comprendre qu’on a affaire à un film dans le film, fabriqué au moyen d’effets spéciaux on ne peut plus sommaires. On le comprend d’autant mieux que cette séquence fait intervenir Rémi (Romain Duris, déchaîné), le metteur en scène du film de zombies qui, après avoir copieusement admonesté Ava (Matilda Lutz), son actrice principale, sous prétexte qu’elle joue faux, devient lui-même un des protagonistes de son propre film. À leurs côtés, évoluent, entre autres, Nadia (Bérénice Béjo), la femme de Rémi, incroyable tueuse de zombis, Raphaël (Finnegan Oldfield), Philippe (Grégory Gadebois), Fatih (Jean-Pascal Zadi), le compositeur de la musique du film, et Romy (Simone Hazanavicius), qui joue la fille de Rémi. Tout ce monde s’en donne à cœur, dans l’outrance jusqu’au grotesque et dans des flots d’hémoglobine, de bras et de tête coupés, etc.

Cette première partie du film, à la fois impressionnante et extravagante, est suivie de deux autres, l’une mettant en scène les prémices du film de zombis, l’autre le making-of ou comment le plan-séquence de 35 minutes fut mis en œuvre, avec tous ses trucages et, surtout, les nombreux imprévus auxquels il fallut faire face dans l’urgence. Ainsi découvre-t-on que le film fut une commande d’une productrice japonaise que Rémi n’accepta de tourner que comme une sorte de défi pour contenter Romy, sa fille très cinéphile, qui, en fin de compte, dut elle-même intervenir dans sa mise en œuvre. Tout cela est conçu avec un admirable savoir-faire, donnant au film une double orientation : d’une part, un festival d’humour dynamitant le genre du film de zombis ; de l’autre, un truculent hommage aux films réalisés avec des moyens minuscules, films de série B ou même Z, le plus souvent des navets, mais qu’importe ! Le plaisir de faire un film, même fauché, même raté, ça n’a rien de méprisable.

8/10

 

                                                                                                    Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Comédie
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