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AURORE

un film de Blandine Lenoir.

 

Il est le bienvenu, ce film de Blandine Lenoir, ne serait-ce que parce qu'il répare un manque ! Y a-t-il beaucoup de longs-métrages se focalisant sur une femme de 50 ans, sa vie, ses difficultés, ses joies, ses aspirations ? Il ne me semble pas. Et comme, en outre, la réalisation de ce film est plutôt de qualité, je ne peux que me réjouir de sa parution.

Une scène survenant en son milieu en donne, je crois, la clé. Après avoir perdu son emploi dans la restauration, Aurore (Agnès Jaoui) parvient à se faire embaucher dans une maison de retraite pour femmes seules. On la découvre, un peu plus tard, faisant le ménage non loin des pensionnaires, tandis que passe à la télévision une interview de l'anthropologue et féministe Françoise Héritier. Cette dernière présente à l'écran deux images (genre images d'Epinal) telles qu'on en fabriquait autrefois, présentant l'une l'homme l'autre la femme aux différents âges de leur vie. Or non seulement la vie de l'homme est présentée de manière bien plus palpitante que celle de la femme, mais cette dernière est désignée comme n'ayant plus aucun attrait à partir de 50 ans. En clair, elle n'est plus désirable !

C'est ce préjugé que conteste, avec pas mal d'humour et de finesse, le film de Blandine Lenoir. La vie d'Aurore semble, certes, entamer sa pente descendante à l'heure où elle perd son emploi et apprend que l'une de ses filles est enceinte et donc qu'elle sera elle-même bientôt grand-mère. Mais, dans le même temps, elle fait la rencontre d'un homme en qui elle reconnaît celui qu'elle a aimé dans sa jeunesse et qu'elle avait perdu de vue depuis longtemps. Ce sera précisément l'occasion de vérifier si, à 50 ans, elle peut encore susciter du désir.

Agnès Jaoui incarne avec brio ce personnage de quinquagénaire pleine de vitalité. Quels que soient les sentiments qu'elle éprouve, que ce soit dans les rires ou les larmes, dans l'émotion, la tendresse, l'étonnement, l'ivresse de la danse, elle emporte le film dans le tourbillon de ses multiples talents. Oui, une femme de 50 ans est capable de séduire, bien sûr que oui !

Dommage que, dans le premier quart du film, tous les acteurs ou actrices ne soient pas aussi bien dirigés qu'Agnès Jaoui. Quelques scènes m'ont paru sonner faux. Heureusement, ces défauts d'interprétation s'estompent rapidement pour laisser place à beaucoup de scènes très réussies, captivantes, gracieuses, émouvantes ou drôles. Je pense à celle du restaurant où Aurore et son amour de jeunesse retrouvé ne peuvent plus échanger que des regards pour ne pas troubler des chanteurs, à celle de la danse, à celle où Aurore écoute une cassette enregistrée au temps de sa jeunesse, etc. Toutes ces scènes, et bien d'autres encore, sont tout simplement formidables ! Je note enfin la joie que j'ai eu de revoir, même dans un rôle secondaire, Lou Roy-Lecollinet, l'une des révélations du superbe film d'Arnaud Desplechin, « Trois souvenirs de ma jeunesse » (2015).

7,5/10

Luc Schweitzer, ss.cc.

Les âges de la femme. Image de la fin XIXème que l'on voit dans une séquence du film "Aurore". "A cinquante ans, elle s'arrête", est-il écrit sous l'image de la femme de cet âge! Consternant!

Les âges de la femme. Image de la fin XIXème que l'on voit dans une séquence du film "Aurore". "A cinquante ans, elle s'arrête", est-il écrit sous l'image de la femme de cet âge! Consternant!

Les âges de l'homme, tels qu'ils apparaissent dans le film de Blandine Lenoir. Bien sûr, lui, à 50 ans, il ne "s'arrête" pas!

Les âges de l'homme, tels qu'ils apparaissent dans le film de Blandine Lenoir. Bien sûr, lui, à 50 ans, il ne "s'arrête" pas!

Tag(s) : #Films
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