Un film de Christian Petzold.
Voici à nouveau l’exemple d’un film dont les premières scènes sont riches de mille promesses mais qui ne parvient pas totalement à les tenir, loin s’en faut. Pourtant, en adaptant un roman d’Anna Seghers écrit en 1944 et se déroulant dans la France de 1940 de plus en plus envahie par les troupes allemandes et en en transposant les événements dans le contexte d’aujourd’hui, le réalisateur a opté pour un pari audacieux qui, dans un premier temps, captive. Pas de reconstitution historique, par conséquent, dans ce film : il semble se dérouler à notre époque, comme si, à nouveau, déferlait sur notre pays la terreur nazie.
Dans ce climat de peur et alors que des rafles commencent à se perpétrer à Paris, un certain Georg (Frank Rogowski) parvient à échapper aux poursuites et aux arrestations, et à fuir jusqu’à Marseille après avoir usurpé l’identité d’un écrivain. Une fois dans la cité phocéenne, il se démène pour obtenir le visa lui permettant d’embarquer sur un paquebot traversant l’Atlantique. En attendant, ses démarches lui font rencontrer un enfant et sa mère muette ainsi qu’un médecin et une femme prénommée Marie (Paula Beer) à qui il ne tarde pas à s’attacher.
Georg est un personnage déroutant dont on ne sait pas trop ce qu’il veut. Lui-même ne le sait peut-être pas. Il va, vient, hésite, tergiverse, puis fait preuve de détermination et, en fin de compte, d’une étonnante générosité (ou abnégation). Toujours est-il que le film peine de plus en plus à convaincre dans sa partie marseillaise. D’autant plus qu’après les scènes saisissantes des rafles parisiennes et de la fuite de Georg, on a affaire à des séquences plutôt bavardes et, parfois, quelque peu lassantes. Après la tension du début du film, toutes les démarches entreprises par Georg paraissent, par contraste, un peu ternes. Seules les apparitions de Marie (jouée par la si douée Paula Beer) éveillent sans peine l’attention. Le reste du temps, on risque un peu l’ennui.
6/10
Luc Schweitzer, ss.cc.