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IL SE PASSE QUELQUE CHOSE

Un film de Anne Alix.

 

 

Déambuler, être curieux (curieuse) de tout, se laisser surprendre par des rencontres, faire un bout de chemin ensemble. À l’exemple du pittoresque groupe de chasseurs de fantômes qu’on voit apparaître (c’est le cas de le dire) à plusieurs reprises au cours du film et dont on se demande ce qu’il vient y faire, à son exemple pourtant, il s’agit, pour la réalisatrice, d’être constamment en recherche de ce qui advient et, en particulier, de ce qui se devine, se laisse percevoir, chez l’autre.

Tout commence d’ailleurs par la rencontre de deux femmes : Dolores (Lola Dueñas) qui parcourt les paysages de Provence et de Camargue dans le but de rédiger des articles pour un guide touristique « gay friendly » et Irma (Bojena Horackova) qui, à la suite de la mort de son mari, est tombée dans une dépression telle qu’elle veut se suicider en se jetant à l’eau depuis le pont d’Avignon. Heureusement, la première, passant par là à ce moment précis, la persuade de l’accompagner plutôt que d’en finir avec la vie. Et voilà nos deux femmes, l’une espagnole, l’autre bulgare, sillonnant les routes d’un territoire qui ne manque pas de beauté mais qui dévoile aussi sa face industrieuse, celle des usines et raffineries de Fos-sur-Mer.

Le film ne raconte rien d’autre que les déambulations des deux femmes, mais le titre ne ment pas. Il se passe bel et bien quelque chose, tout du long, non seulement parce que Irma réussit à se trouver un travail, mais surtout parce que tout est occasion de découvertes et de contacts de toutes sortes. Lors d’une des scènes, on voit Irma feuilleter un album de peintures de Van Gogh et, sur l’une des pages, on peut lire une citation, probablement du peintre lui-même : « Il n’y a rien de plus réellement artistique que d’aimer les gens. »

Cette citation se vérifie durant quasiment chacune des scènes du film : en effet, en tant que spectateurs, on ressent très fort la présence derrière la caméra de ce regard-là, le regard de qui « aime les gens ». Tous les nombreux personnages qui apparaissent au fil des déambulations des deux femmes, qu’ils soient ouvriers, pêcheurs, restaurateurs, travailleurs saisonniers, tous et toutes sont filmés avec ce regard empreint d’empathie, de bienveillance. Cette sollicitude trouve son apogée dans une scène au dispositif le plus simple qui soit : devant un drap blanc viennent tour à tour et se présentent des familles de migrants, albanais, éthiopiens, soudanais, centrafricains, etc. Il n’y a pas besoin de davantage : ces visages, ces quelques paroles suffisent. Ces hommes, femmes et enfants ne demandent qu’à être accueillis. 

7,5/10

 

                                                                       Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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