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LE LIEUTENANT SOURIANT

Un film de 1931 de Ernst Lubitsch.

 

 

 

A la Filmothèque du Quartier Latin qui a la bonne idée de projeter ce film méconnu et inédit en DVD du grand Ernst Lubitsch: "Le Lieutenant souriant", réalisé en 1931. Autrement dit, le film fut réalisé au tout début du parlant et pourtant il reste formidable et inventif, y compris du point de vue du son. C'est d'autant plus important dans un film où les personnages se confient volontiers aux spectateurs en poussant la chansonnette. Or chacune de ces interventions chantées offre un grand moment du film (qui, par ailleurs, ne manque pas de multiples qualités).
L'histoire est des plus simples à raconter. Dans une Vienne d'opérette, le lieutenant Niki (Maurice Chevalier) multiplie les conquêtes et s'empare, au détriment d'un de ses compagnons d'armes, du coeur de Franzi (Claudette Colbert), la jolie violoniste d'un orchestre composé exclusivement de femmes. Quelque temps plus tard, chargé d'encadrer la parade d'accueil du souverain de Flausenthurm (un royaume d'opérette) et de sa fille la princesse Anna (Miriam Hopkins), il aperçoit sa bien-aimée dans la foule et multiplie à son adresse les sourires et les oeillades. Or la princesse Anna, qui passe à ce moment par là, s'imagine que toutes ces privautés sont pour elle.Scandale! Le roi, son père, ne tarde pas à intervenir et exige bientôt que le galant épouse sa fille qui n'a pas tardé d'ailleurs à s'éprendre de lui. Forcé de s'exécuter, Niki se marie avec la princesse mais uniquement pour la forme car il est toujours épris de la belle violoniste. En fin de compte, au bout de quelques péripéties, c'est l'intervention même de Franzi qui permet la métamorphose de la princesse Anna, au point de changer le regard de son mari. Franzi s'est sacrifiée, la morale est sauve, Niki est tombé amoureux de sa propre femme.
En 1931, bien sûr, il paraissait nécessaire de terminer un film sur une note de bonne morale. Cela étant, Lubitsch, comme il savait si bien le faire, n'a pas manqué de saupoudrer tout le film d'allusions et de sous-entendus plus ou moins coquins et grivois. Même quand Franzi intervient, à la fin du film, pour faire rentrer les choses dans l'ordre, elle le fait d'une manière particulièrement osée pour l'époque, transformant la princesse engoncée dans les principes d'éducation rigide qu'elle a reçue en une jeune femme qu'on dirait aujourd'hui libérée (ce qui nous vaut une scène irrésistible de légèreté et d'allusions égrillardes et ce qui, bien évidemment, chamboule un mari jusque là très distant ). Autrement dit, pour que la morale soit sauve, il faut que la princesse se décide à adopter des manières, disons, quelque peu délurées. On peut en penser ce qu'on veut. Pour ma part, je n'ai pas boudé mon plaisir. Le talent de Lubitsch éclate déjà dans ce film, avec évidence, en attendant les grands chefs d'oeuvre que seront, entre autres, "Sérénade à trois" (1933) et "La huitième femme de Barbe Bleue" (1938). Dans "Le Lieutenant souriant", il faut enfin souligner les excellentes prestations des acteurs: Maurice Chevalier (dont le jeu paraîtra peut-être excessif à certains spectateurs mais qui, personnellement, me ravit), Miriam Hopkins et surtout la toujours ravissante et parfaite Claudette Colbert (une des meilleures actrices de cette époque-là, sans nul doute)!

9/10

 

                                                                       Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Cinéma de patrimoine, #Réalisateurs
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