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DEMAIN EST À NOUS

Un film de Gilles de Maistre.

 

 

Haro sur Greta Thunberg ! Tel semblait être le mot d’ordre des éditorialistes de la télévision et d’un bon nombre d’intervenants et de spécialistes de tout poil, ces derniers temps, tous unis dans une même antipathie envers la jeune militante suédoise. Il n’y avait pas de qualificatifs assez méprisants, voire assez vindicatifs, pour désigner l’adolescente ayant osé prendre son bâton de pèlerin pour interpeller les grands de ce monde, pour leur rappeler leurs devoirs et leurs engagements pour la sauvegarde de la planète. Les intellectuels eux-mêmes (ou soi-disant tels) y sont allés de leurs couplets anti-Thunberg ! Quel spectacle pitoyable que ces journalistes, que ces philosophes, que ces Onfray, Ferry, Bruckner et autre Finkielkraut crachant leur fiel sur une enfant ! En voulant la décrédibiliser, qu’ont-ils fait sinon de se discréditer eux-mêmes. En affirmant que c’est aux adultes qu’il convient de sauver le monde et non aux enfants, Luc Ferry a démontré l’étroitesse de sa pensée, rejoignant la cohorte des « penseurs » incapables de descendre de leur piédestal pour penser, ne serait-ce qu’un instant, à hauteur des petits de ce monde, voire à hauteur d’enfant !

Demain est à nous, le film de Gilles de Maistre, arrive à point nommé pour montrer qu’on a bien tort, quand on est adulte, de dénigrer les enfants. Non seulement on a tort, mais on serait bien avisé de les écouter, eux, et de suivre leur exemple, plutôt que de se laisser séduire par « les sages et les savants » ! Ils ont beau jeu, les Onfray, Ferry, Bruckner et autre Finkielkraut de déconsidérer les enfants. Quand la terre sera invivable, il est probable qu’ils ne seront plus de ce monde. Mais ce sont ceux qui, aujourd’hui, sont des enfants qui auront à subir les effets de nos inerties, de nos impérities.

Or, ce qui est remarquable, c’est que, nonobstant toutes les raisons de baisser les bras, le film de Gilles de Maistre regorge d’espoir. Si tout n’est pas perdu, s’il y a des raisons de croire à une vie meilleure, ce n’est certes pas grâce aux philosophes, mais, n’en déplaise à Luc Ferry et consorts, grâce aux enfants ! Le réalisateur en a trouvé aux quatre coins de la planète, oui, des enfants qui, tout comme Greta Thunberg (qui apparaît très brièvement dans le film), prennent des engagements, trouvent des idées, les mettent en œuvre, pour la préservation de la planète et pour le bien d’autrui.

En France, à Cambrai, Arthur, 10 ans, récolte de l’argent grâce à la vente de ses peintures afin d’apporter du secours aux sans-abris de sa ville. En Inde, à New-Delhi, voici Heena qui a eu l’idée de créer un journal promouvant la scolarisation des enfants des rues obligés de travailler pour subvenir à leurs besoins. À Los Angeles, c’est Khloe, 11 ans, qui se bat pour le mieux-être des sans-abris. Au Pérou, à Arequipa, José Adolfo a eu l’idée géniale, dès l’âge de 7 ans, de créer une banque solidaire basée sur la récolte et le recyclage des déchets. En Afrique du Sud, Hunter est un garçon audacieux qui lutte pour la sauvegarde des rhinocéros menacés d’extinction à cause du braconnage. En Allemagne, voici Felix qui s’engage corps et âme pour le reboisement. En Guinée, c’est Hadja, une courageuse fillette de 12 ans qui ose s’opposer aux mariages forcés des jeunes filles mineures, coutume encore funestement fréquente dans son pays. En Bolivie, Peter, Jocelyn et Kevin se battent pour les droits des enfants obligés de travailler (parfois au fond des mines) malgré leur jeune âge.

Tels sont les enfants que Gilles de Maistre est allé rencontrer et filmer, illustrant de manière admirable, je trouve, l’encyclique Laudato Si du pape François. Et n’allons pas croire que la liste est exhaustive. Partout, des enfants osent prendre des engagements et les tenir, là où, souvent, les adultes sont beaucoup plus défaillants qu’eux. En les voyant, il me venait à l’esprit que Louis Aragon (et Jean Ferrat à sa suite, puisqu’il a mis cela en chanson) s’est fourvoyé lorsqu’il a affirmé que « la femme est l’avenir de l’homme ». Non, c’est l’enfant (quel que soit son sexe) qui est l’avenir de l’homme (ou, si l’on préfère, de l’humain) ! S’il y a quelque chose à sauver sur notre terre avant qu’il ne soit trop tard, cela viendra (cela vient !) de l’impulsion des enfants. Cela ne fait pour moi aucun doute.

8/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Documentaires
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