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LA FAMEUSE INVASION DES OURS EN SICILE

Un film de Lorenzo Mattotti.

 

 

Il a fallu à peu près six ans de travail à Lorenzo Mattotti, illustrateur, peintre et auteur de bandes dessinées né en 1954, pour arriver au terme de son adaptation en long-métrage d’animation d’un roman pour enfants signé Dino Buzzati, publié pour la première fois en 1945. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le résultat est à la hauteur d’un tel acharnement. Le film est splendide et il aborde, de manière pertinente, intelligente, des sujets qui résonnent avec nos expériences et notre actualité, tout en ne cédant rien à la fantasmagorie qui sied aux films de ce genre.

C’est à une sorte de spectacle de la commedia dell’arte que se livrent le saltimbanque Gédéone et la petite fille qui l’accompagne et l’assiste, cela afin de distraire le vieil ours qui les a surpris dans la grotte où ils ont trouvé refuge pour se protéger du mauvais temps. Les voilà donc racontant à leur manière l’histoire du roi des ours Léonce terrassé de chagrin depuis que son fils Tonio a disparu en dévalant un torrent. Neurasthénique, le roi ne se décide à sortir de sa léthargie que lorsque les membres de son clan lui suggèrent que son fils est peut-être vivant et qu’il est retenu au pays des hommes.  Il n’en faut pas plus pour que Léonce retrouve de l’énergie, et cela au point d’engager une guerre contre les troupes du grand-duc de Sicile. Les hommes ont beau être munis d’armes et de munitions, les ours ne manquent pas d’imagination et, au terme d’une séquence prodigieuse qui met en parallèle des scènes de bataille et d’autres de numéros de cirque (auxquels assiste le grand-duc), les ours parviennent à l’emporter et à éliminer leur prétentieux adversaire. Léonce non seulement retrouve alors son fils Tonio mais c’est lui qui prend le pouvoir au pays des hommes. Entre ces derniers et les plantigrades, s’instaure une période de bonne entente.

L’histoire pourrait s’arrêter là, ce serait un beau happy end. Mais le vieil ours de la grotte pour qui Gédéone et sa petite assistante ont joué ce récit ne l’entend pas de cette oreille. C’est lui à présent qui s’empare de l’histoire afin de la mener à son terme. Car il n’est pas sûr du tout que les ours soient à leur place au pays des hommes. La narration s’aventure alors dans des tours et des détours de plus en plus fabuleux, au cours desquels interviennent, entre autres, un magicien, un serpent des mers et une jeune fille du nom d’Almérida. En fin de compte (et de conte), ce que le film met en évidence, c’est que, lorsqu’il y a conflit entre l’homme et la nature, c’est toujours la nature qui finit par l’emporter. Et l’homme serait bien avisé de prendre au sérieux cette constatation. La leçon est dite, et elle l’est de la plus séduisante des manières, au moyen d’un film somptueux dont les personnages et les dessins font songer au Roi et l’Oiseau, le chef d’œuvre de Paul Grimault de 1953. 

8,5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Films d'animation
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