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PAPICHA

Un film de Mounia Meddour.

 

Oser dire non aux islamistes qui veulent imposer aux femmes le port du voile intégral, avoir le courage de se rebeller même dans un climat de violence et d’oppression. Mounia Meddour a résisté tant qu’elle a pu avant de se résoudre à quitter l’Algérie, en 1995, du fait de la menace extrême qui pesait sur elle, ainsi que sur son père, lui-même cinéaste. Elle avait 17 ans. Son pays traversait une période de grands troubles.

Aujourd’hui, par le moyen d’un film largement autobiographique, elle revient son vécu d’alors, sur la colère qui l’habitait, sur sa capacité d’insubordination. Avec ses amies, en ce début des années 1990, elle brave les interdits, sortant sans porter de voile et n’hésitant pas à s’échapper, la nuit, en boite pour aller danser. La jeune femme, qui se passionne pour la mode, propose également les robes qu’elle a conçues.

Sa liberté de femme, elle fait tout pour ne pas la perdre, quitte à prendre des risques insensés dans un pays où les fanatiques n’hésitent pas à user de violence. Mais la jeune femme est décidée à mener son combat. Quand un homme la harcèle dans la rue, elle n’a pas peur de le toiser. Et quand un autre lui intime l’ordre de se voiler dans un bus, plutôt que d’obtempérer, elle préfère répondre et demander au chauffeur de s’arrêter.

Mais la grande leçon de liberté que met en scène Mounia Meddour s’appuie sur ses talents de créatrice de vêtements. Elle décide d’organiser un défilé de mode dans la cité universitaire où elle réside. Et puisque les islamistes sont déterminés à faire porter le hijab à toutes les femmes, c’est au moyen du tissu même des hijabs qu’elle fabrique ses robes. Ce qui devait servir à l’oppression des femmes devient signe de leur désir de liberté.

On peut certes regretter le côté un peu trop démonstratif du film, mais on peut surtout saluer le talent des actrices parvenant à faire ressentir leur rage de vivre, la caméra les filmant souvent en gros plans. Et quand surviennent des scènes de violence extrême, même si on les pressentait, on est saisi, terrassé, anéanti. Mais le film n’en reste pas moins une ode à la liberté des « papichas » (c’est-à-dire des jolies filles, en algérois). 

7,5/10

 

                                                                       Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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