ALI & AVA

4 Mars 2022

Un film de Clio Barnard.

C’est l’histoire de la rencontre, de la complicité et de la séduction mutuelle d’un homme et d’une femme issus de deux communautés qui ne se fréquentent guère. Ali (Adeel Akhtar) est un quadragénaire qui, s’il cohabite encore avec sa femme, n’en est pas moins séparé d’elle. Ava (Claire Rushbrook), quant à elle, est une jeune veuve, mère et déjà grand-mère. Lui est DJ est ne jure que par le punk et le rock. Elle travaille comme assistante scolaire (c’est d’ailleurs du fait de son travail qu’elle fait la connaissance d’Ali) et n’aime que la country et le folk. Lui fait partie de la communauté pakistanaise, elle de la communauté irlandaise et tous deux habitent Bradford, triste ville post-industrielle du Yorkshire. Tout devrait les tenir à distance l’un de l’autre et pourtant les voilà bientôt engagés sur un chemin de connivence puis de tendresse et d’amour partagés. Il faut dire que tous deux ont tout de même un point commun : ils ont vécu jusqu’alors des vies peu satisfaisantes, Ali avec la femme dont il est séparé, Ava avec un mari aux convictions d’extrême-droite et au comportement violent.

Le film doit beaucoup à l’actrice et à l’acteur qui incarnent ces deux personnages principaux. Ce sont eux qui parviennent à éveiller et maintenir l’intérêt du spectateur jusqu’à la fin. Car, pour ce qui concerne le scénario, il faut bien reconnaître que l’on demeure insatisfait. À partir du moment où a lieu la rencontre entre Ali et Ava, tout s’enchaîne de manière très prévisible. Le charme des acteurs continue d’agir certes, mais, à aucun moment, le film n’offre de véritable surprise. On peut même avoir un peu le sentiment qu’il rabâche, tandis que le scénario s’ingénie à gommer les situations potentiellement conflictuelles. Malheureusement, sur un sujet qui aurait pu donner lieu à une œuvre marquante, la cinéaste s’est contentée de quelque chose de trop convenu et de trop sage.

6,5/10

Luc Schweitzer, ss.cc.