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PETITE FLEUR

Un film de Santiago Mitre.

 

 

Premier film réalisé en France par le cinéaste argentin Santiago Mitre, Petite Fleur a été tourné à Clermont-Ferrand, ville dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle ne se distingue pas par ses attraits. Néanmoins, c’est là qu’a échoué le couple que le réalisateur met en scène, le présentant volontairement, dans un premier temps, sous un aspect presque banal. Seule singularité, semble-t-il, José (Daniel Hendler) est un Argentin qui ne maîtrise que difficilement la langue française alors que sa compagne Lucie (Vimala Pons) est native du pays de Molière.

Au début donc, hormis leur différence de nationalité, rien ne les distingue vraiment. Ils viennent d’avoir leur premier enfant, une fille. Pourtant, c’est Lucie qui subvient aux besoins matériels du couple : elle seule part tous les jours à son travail, tandis que lui, dessinateur de son métier, venu à Clermont-Ferrand pour participer à une campagne de publicité pour une marque de pneumatiques, vient de perdre son emploi. C’est donc lui qui reste à la maison pour s’occuper du bébé.

Or, voici que José, à qui il reste du loisir, se met à découvrir son voisinage : une femme âgée (Françoise Lebrun) qui, pour des raisons qui demeurent obscures, semble espionner tous ses faits et gestes, et, surtout, Jean-Claude (Melvil Poupaud), curieux homme vivant seul et n’ayant qu’une passion, le jazz, à qui José vient demander une pelle afin de pouvoir planter un arbre dans son jardin. C’est alors, au cours de cette première rencontre entre les deux hommes, que le film bascule dans la fantaisie horrifique. En effet, tandis que passe sur l’électrophone le morceau préféré de Jean-Claude (Petite Fleur par Sidney Bechet), José, incapable de maîtriser une impulsion destructrice, l’assassine.

Dès lors, commence une sorte de rituel à la fois macabre et hédoniste. Tous les jeudis, immuablement, José assassine Jean-Claude (entretemps revenu à la vie), tandis que Lucie, ces soirs-là, tout aussi immuablement, apparaît particulièrement entreprenante et d’humeur festive. Le premier jeudi, elle propose une sortie à un concert d’Hervé Vilard, et ainsi de suite, chaque jeudi soir, quand elle rentre, c’est pour inviter son homme à une soirée de fête. C’est comme une routine qui s’installe, si ce n’est qu’elle est bientôt perturbée par l’arrivée d’un autre homme, un thérapeute (Sergi Lopez) aux méthodes particulières, dont s’entiche Lucie, mais que José ne voit pas d’un bon œil, au point qu’il souhaite bientôt s’en débarrasser.

Inutile d’en dire davantage, si ce n’est pour inviter à aller voir ce film, dans la mesure où l’on aime les histoires macabres et loufoques à tendance surréaliste. La morale du film (si l’on peut employer ce terme dans le cas présent) ne manque pas d’ironie, étant donné le scénario que je viens d’évoquer. On peut la résumer ainsi : pour être heureux, cultivons la routine. Mais, bien sûr, ce n’est pas un film à prendre au sérieux.  

7,5/10

 

                                                                                                   Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Comédie dramatique
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