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SANS FILTRE

Un film de Ruben Östlund.

 

 

L’attribution de la Palme d’Or à Ruben Östlund en 2017 pour The Square, film misanthrope ressassant de pénibles lieux communs, avait suscité la consternation d’un certain nombre de critiques de cinéma, pour de justes raisons. Néanmoins, il faut croire que le mauvais goût ne déplaît pas à tout le monde, puisque le réalisateur suédois a décroché à nouveau une Palme d’Or au festival de Cannes de cette année 2022, qui plus est pour un film peut-être encore plus médiocre que le précédent ! Tous les goûts sont dans la nature, même chez les jurés de notre prestigieux festival !

Que fait Ruben Östlund sinon d’enfoncer le clou, de récidiver en nous assenant son propos balourd et sa détestation du genre humain ? Certes, au premier abord, on peut avoir l’impression, dans Sans filtre, que ce sont les riches, et même les ultrariches, qui, seuls, sont visés. Mais, en fin de compte, il n’en est rien. Riches ou pauvres, aux yeux du cinéaste suédois, personne n’échappe à la médiocrité, personne n’est dénué d’une indécrottable bassesse. Pour Ruben Östlund, manifestement, l’humain, quel qu’il soit, est un être vil et méprisable.

Sans filtre se divise en trois parties, pas une d’entre elles ne rachetant ni ne corrigeant les deux autres. Au contraire, cela progresse crescendo vers un dédain qui n’épargne personne. La première partie, interminable et anodine, met en scène la querelle de Carl et Yaya, un couple, sur une question d’argent, le premier reprochant à la deuxième de n’avoir pas pris l’initiative de payer leur note de restaurant, tous deux étant pourtant loin d’être des démunis. On retrouve d’ailleurs ce couple dans la deuxième partie, située cette fois sur un yacht effectuant une croisière destinée à des clients ultrariches.  Quelques séquences fourre-tout nous mènent à un final nauséeux, la plupart des occupants du navire, pris dans une tempête, finissant par baigner dans leur propre vomi. Enfin, dans une troisième partie, un certain nombre des protagonistes qui étaient sur le yacht se retrouvent naufragés sur une île. Après la séquence du vomi, lamentable imitation d’un sketch d’un film des Monthy Python, nous voilà ravalés à devoir regarder une sorte de médiocre prolongement d’une émission de télé-réalité du genre Koh-Lanta.  Avec, en prime, comme je l’ai déjà indiqué, un renversement de situation qui met tout le monde dans le même sac, car, sur l’île, c’est une femme qui était une employée subalterne du yacht qui prend le pouvoir. Autrement dit, pour Ruben Östlund, les pauvres ne valent pas mieux que les riches : s’ils prennent le pouvoir, ils ne se comportent pas différemment que leurs anciens maîtres.

« Je me moque de la société en général », affirme Ruben Östlund dans une interview à Paris-Match. Voilà qui est dit ! Si encore il le faisait d’une manière inventive, drôle, captivante ! Mais non, dans Sans filtre, l’humour tombe à plat ou baigne dans le vomi !  

2/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films
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