Un film de Jerzy Skolimowski.
Eo, c’est le nom qui a été attribué à un âne exécutant les numéros de cirque que lui fait faire une jeune femme prénommée Cassandre. Dépêchons-nous d’apprécier la présence de celle-ci, l’un des seuls personnages humains du film faisant preuve d’une certaine bonté envers l’animal. Bientôt, en effet, sous la pression de manifestants réclamant la suppression de toute prestation animale dans les cirques, Eo, tout comme les autres bêtes, sont conduits ailleurs et confiés à d’autres propriétaires. Pour notre âne, commence un chemin semé d’épreuves et de souffrances. Livré aux uns et aux autres, il en est réduit à faire la bête de somme ou à être traité par le mépris, si ce n’est à être frappé et maltraité jusqu’à être laissé pour mort.
L’intention du réalisateur est louable : défendre la cause animale, s’insurger contre la maltraitance des bêtes. Pour ce faire, plutôt que de proposer un scénario d’allure classique, Jerzy Skolimowski, en adoptant, autant qu’il est possible, le point de vue de l’âne, se livre à un film quasi expérimental, bourré d’effets spéciaux, encombré de caprices stylistiques, de musiques envahissantes et, parfois, si stridentes qu’elles donnent envie de quitter la salle.
Le film aurait gagné, à mon avis, à être plus dépouillé, plus simple dans son expression. Quant à montrer la vilénie des humains avec autant de systématisme que le fait le cinéaste, le summum de l’abjection revenant à des supporters de football, c’est au risque de se complaire dans une forme de caricature. Pour ce qui me concerne, je préfère nettement Au hasard Balthazar, le film qu’avait réalisé Robert Bresson en 1966 sur un sujet semblable, mais avec beaucoup plus d’équilibre, de dépouillement, de mesure que ne le fait Skolimowski.
6,5/10
Luc Schweitzer, ss.cc.
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Au hasard Balthazar (1966) bande annonce
Résumé : Balthazar est un âne dont l'oeil débonnaire contemple le spectacle désastreux de la bêtise humaine. Ballotté entre différents propriétaires, il subit la cruauté de Gérard, l'ivr...