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LE PHARAON, LE SAUVAGE ET LA PRINCESSE

Un film de Michel Ocelot.

 

 

Une conteuse apparaît à l’écran, faisant face à un public composé de silhouettes. Des histoires, affirme-t-elle, elle en a à foison, à l’exemple de l’auteur de ce joli film d’animation, Michel Ocelot, 78 ans, qui, après la série des Kirikou, après Azur et Asmar (2006) ou encore Dilili à Paris (2018), n’est pas au bout de son irrépressible besoin d’en raconter encore et encore. Qui plus est, cette fois-ci, ce n’est pas un conte qu’il nous propose, mais trois. Trois courtes histoires, donc, qu’il a mis en images, fidèle à un style reconnaissable entre tous, à la fois simple et minutieux, toujours très attrayant.

Trois contes, trois époques, trois décors, avec, chaque fois, une même volonté : célébrer le courage, l’amour plus fort que tout, la liberté contre toutes les dominations et tous les déterminismes.

Pour le premier des contes, nul doute, Michel Ocelot a tenu à se documenter avec précision. L’histoire d’un jeune héros venu du Soudan qui, pour obtenir la main de sa bien-aimé, part à la conquête de l’Egypte pour y être sacré Pharaon ne manque pas d’allure, avec ses décors soignés et somptueux et ses personnages hauts en couleurs. Mais le plus remarquable, c’est que, délivré des injonctions des dieux, le jeune héros peut s’affranchir de la fatalité de la guerre : ce qu’il désire, il peut l’obtenir sans livrer bataille.

Dans le deuxième conte, Michel Ocelot opte pour la technique du théâtre d’ombres. Autrement dit, les personnages n’apparaissent qu’en ombres chinoises. Cette fois, nous sommes en Auvergne, dans un château médiéval, gouverné par un homme cruel à la voix tonitruante. Or, son fils, qui s’est lié d’amitié avec un prisonnier, trouve le moyen de le libérer et doit bientôt vivre dans les bois, la population locale le surnommant dès lors « le beau Sauvage ». Là encore, Michel Ocelot compose un hymne à la liberté, contre la tyrannie et toutes les oppressions qui empêchent de vivre et d’aimer.

Enfin, le troisième conte nous emporte dans un Orient à la fantaisie pleinement assumée, aux couleurs chatoyantes, dans une ville où échoue un jeune prince déchu n’ayant d’autre solution, pour vivre, que de se faire embaucher par un vendeur de beignets. Or, c’est par ce biais qu’il entre en relation avec une princesse, pourtant bien gardée dans le secret d’un palais. Mais que peuvent les lois et les déterminismes contre la force de l’amour ? Michel Ocelot se fait un malin plaisir de prendre en défaut tous les fatalismes. À force de volonté, de ruse et d’audace, ses héros accèdent à la plus grande liberté qui soit, celle de l’amour.

Ces contes ne sont pas dénués d’une forme de candeur, c’est vrai, mais qu’importe ! On aurait tort de se priver de leur grâce et de leur beauté par les temps qui courent. 

7,5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Contes, #Films d'animation
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