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BOWLING SATURNE

Un film de Patricia Mazuy.

 

En 2000, avec Saint-Cyr, Patricia Mazuy réalisait un film en costume parfaitement écrit et si bien dirigé qu’on pensait avoir affaire à une cinéaste d’importance dont on était en droit d’attendre beaucoup. Or, les quelques films qui parurent ensuite furent tous plus ou moins décevants. Quant à celui qui sort maintenant sur nos écrans, il est, à mon avis, calamiteux.

Le sentiment qui domine, en le voyant, c’est que le souci premier de la réalisatrice est d’avoir voulu faire entrer, de force, dans son film, quelques-unes des grandes causes de notre temps, quitte à se complaire dans la caricature et à composer un scénario plein d’invraisemblances. Dénoncer les violences faites aux femmes, c’est évidemment louable, mettre en question les excès auxquels se livrent parfois les chasseurs, pourquoi pas. Malheureusement, dans ce film, ces nobles intentions sont toutes incarnées par des personnages si grossièrement conçus qu’ils en deviennent grotesques. Quant à l’écriture du scénario, elle ne recule devant aucune improbabilité, puisque seul compte l’objectif que s’est fixé la cinéaste.  

À ces défauts, s’en ajoute un autre, particulièrement dérangeant et, à mon avis, irrecevable. Précisons que le film se focalise, en grande partie, sur les rapports complexes de deux demi-frères, Guillaume (Arieh Worthalter), flic de son métier, et Armand (Achille Reggiani), homme instable dont on découvre rapidement que c’est un dangereux psychopathe. Tous deux héritent de leur père, qui vient de mourir, d’une salle de bowling que le deuxième accepte de diriger. Le voilà donc en bonne place pour capturer ses proies, autrement dit de belles jeunes femmes qui fréquentent son établissement (par ailleurs, lieu de rendez-vous d’une bande de chasseurs). Or, dès le début du film, la réalisatrice croit bon d’assener le spectateur avec une séquence de violence extrême, le prédateur (Armand) ayant attiré chez lui une cliente du bowling. La scène est insupportable, filmée sans détours, ce qui, pour moi, est injustifiable. Si, pour dénoncer la violence, il faut la mettre en scène de manière aussi frontale que le fait Patricia Mazuy, dans ce cas, il vaut mieux ne pas aborder ce sujet. En vérité, comme le montre parfaitement tout le cinéma classique des années 30 aux années 50, il est tout à fait possible de traiter de la violence sans l’étaler sur l’écran. Les spectateurs ne sont-ils pas assez intelligents pour comprendre ce qui est suggéré ou ce qui demeure hors champ ? Patricia Mazuy serait bien inspirée de voir ou revoir tous ces classiques du cinéma ! Elle éviterait ainsi de se complaire dans une scène ultra-violente qu’il n’était aucunement nécessaire de filmer de manière aussi directe.

Il n’y a vraiment pas grand-chose à sauver dans ce film plein de clichés, la bande des chasseurs étant particulièrement gratinée de ce point de vue (et, pourtant, Dieu sait si je ne suis pas un défenseur de la chasse !) et qui se risque à des ficelles scénaristiques bien peu plausibles. Ainsi les scènes finales, que je ne peux pas décrire, puisqu’il faut en laisser la surprise à d’éventuels spectateurs, mais dont l’enchaînement m’a paru manquer cruellement de crédibilité.  

2/10

 

                                                                       Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Drame
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