Un film de Sébastien Bailly
Dans Alice (1990), comme il le fait quelquefois, et toujours avec bonheur, dans ses films, Woody Allen introduisait un élément de fantastique dans la vie devenue morne d’une femme ayant une quarantaine d’années (jouée par Mia Farrow), en l’occurrence une potion prescrite par un médecin chinois, breuvage au pouvoir surprenant qui bouleversait le train-train de l’héroïne. Bien dosé, l’apport de l’irrationnel y faisait bon ménage avec un récit d’allure assez classique suggérant habilement la persistance du désir chez une femme ayant franchi, du fait de son âge, un tournant de sa vie.
Comme une actrice, le film de Sébastien Bailly reprend, à sa façon, des éléments équivalents à ceux que la virtuosité de Woody Allen rendaient irrésistibles. Hélas ! Ce qui s’harmonisait parfaitement chez le cinéaste new-yorkais n’a plus ici que l’apparence d’un salmigondis à la fois indigeste et plat. Tout est là, pourtant : une actrice à l’aube de la cinquantaine (jouée par Julie Gayet) qui ne suscite plus qu’indifférence à la limite de la politesse de la part de son mari (Benjamin Biolay) et qui, voulant le séduire à nouveau, use et abuse d’une potion que lui a prescrite une Chinoise (en lui précisant bien qu’il ne fallait surtout pas la surdoser). L’actrice, ne tenant aucun compte de cet avertissement, se trouve, lorsqu’elle absorbe la potion, capable, pour un temps, de changer d’apparence à son gré, se métamorphosant ainsi corporellement en femmes de son entourage susceptibles de plaire à l’époux qui la délaisse. L’une d’elle, en particulier, une journaliste artistique jouée par Agathe Bonitzer, semble la personne idéale pour séduire son homme, pour exacerber son désir.
Malheureusement, comme je l’ai dit, Sébastien Bailly filme cette histoire avec tant de platitude et avec tant de sérieux que, paradoxalement, le film en devient presque risible. D’ailleurs, à la séance à laquelle j’assistais, des spectateurs pouffaient, par moments, dans la salle. De plus, aucun des acteurs, aucune des actrices ne donnent le sentiment de croire un tant soit peu à leur rôle. Ils ont l’air de s’y ennuyer et nous ennuient, nous aussi. En somme, il ne reste ici plus rien de ce qui séduisait tant chez Woody Allen. Rien qu’une histoire abracadabrante, mal filmée, qu’on aura vite fait d’oublier.
2/10
Luc Schweitzer
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