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MAESTRO

Un film de Bradley Cooper.

 

Encore un biopic (réservé, précisons-le, aux abonnés de Netflix) ! Telle est l’exclamation que nous sommes en droit d’émettre à propos de ce film avant de l’avoir vu. Pourquoi « avant de l’avoir vu » ? Eh bien, parce qu’en le visionnant, on a vite fait de se rendre compte qu’il n’est pas question ici de biopic en bonne et due forme à la manière du film académique sorti sur l’abbé Pierre il y a quelques semaines, mais d’une approche beaucoup plus singulière et combien plus intéressante ! En vérité, ce film pourrait s’intituler « La Femme de Leonard Bernstein », tout comme il y a eu, en février dernier, la sortie sur les écrans de La Femme de Tchaïkovski. Le propos est le même : dans les deux cas, il est question de l’épouse d’un compositeur et, dans les deux cas, il se trouve que ce compositeur est homosexuel. Ajoutons que, bien que réalisés dans des styles très différents, les deux films le sont avec beaucoup de savoir-faire.

Même si le film de Bradley Cooper a pour titre Maestro, il réserve, en vérité, une place éminente à l’épouse du célèbre compositeur et chef d’orchestre Leonard Bernstein (interprété par Bradley Cooper en personne). Félicia Montealegre (incarnée par Carey Mulligan), actrice costaricienne et chilienne, devint donc la femme d’un homme qui, comme cela apparaît dès le début du film, est attiré par des personnes du même sexe que lui. Néanmoins, de cette union entre Bernstein et Montealegre naîtront trois enfants. Car, et c’est une différence d’importance d’avec le film sur Tchaïkovski, malgré l’homosexualité de Léonard Bernstein, on a affaire à une histoire d’amour réciproque. De la souffrance et des épreuves, il y en a, bien entendu, par exemple lorsque l’une des filles entend circuler des rumeurs à propos de son père, ce qui provoque la colère de Félicia ou lorsque celle-ci surprend son mari embrassant un homme lors d’une soirée, ce qui la brouille durablement d’avec son mari. Pourtant, en fin de compte, le film laisse transparaître un amour véritable et partagé.

Bradley Cooper supporte vaillamment son rôle, un rôle qu’il a dû préparer de longue date pour être crédible, en particulier quand on le voit diriger. Car, évidemment, ni le travail de composition ni celui de direction d’orchestre ne sont totalement négligés au cours du film. On a même droit à des séquences de pure beauté, en particulier lorsque, dans une église, l’on assiste au final de la deuxième symphonie de Gustav Mahler, un moment sublime, un moment de grâce. On pourra néanmoins s’agacer de voir constamment Bernstein en train de fumer, même pendant les répétitions d’orchestre. Mais on ne manquera pas d’admirer les idées de mise en scène, l’ambiance de comédie musicale du début du film ou les raccourcis qui font passer, par exemple, Bernstein directement de sa chambre à une loge de théâtre. Peut-être trouvera-t-on que le réalisateur se complaît un peu trop dans ses effets de mise en scène, mais on lui saura gré d’avoir donné toute sa place à Félicia, à qui Carey Mulligan prête toute une subtile palette d’émotions.   

8/10

 

                                                                                                   Luc Schweitzer

Tag(s) : #Films, #Compositeur, #Biopic, #Musiques
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