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SLEEP

Un film de Jason Yu.

 

 

Ce film coréen, le premier long-métrage de Jason Yu, auréolé du Grand Prix reçu au festival de Gérardmer, nous fait entrer dans l’intimité d’un jeune couple à qui, au départ, tout semble devoir réussir. Ils sont jeunes et beaux et se réjouissent de la naissance prochaine de leur premier enfant. N’ont-ils pas affiché, sur un des murs de leur appartement, cette inscription : « Ensemble, on peut tout supporter » ? Que peut-il donc leur arriver puisqu’ils s’aiment ?

Or, voici qu’une nuit, Soo-jin se réveille brusquement et voit son mari Hyun-su, assis au bord du lit, affirmant que « quelqu’un est entré » avant de replonger dans le sommeil. La jeune femme se lève, parcourt toutes les pièces de l’appartement sans découvrir quoi que ce soit d’inhabituel. Cependant, il ne s’agissait là que du prélude à une succession de nuits de plus en plus perturbées. La nuit suivante, en effet, Hyun-su se lève, se dirige vers le réfrigérateur et se met à ingérer tout ce qui lui tombe sous la main. La consultation d’un médecin spécialisé dans le somnambulisme paraît rassurante sur le coup. Néanmoins, malgré les précautions prescrites par le médecin, les crises nocturnes se poursuivent. Soo-jin s’en inquiète de plus en plus, et encore davantage après la naissance de son enfant. Plusieurs explications aux troubles du sommeil de Hyun-su sont alors émises : l’une est psychosomatique et doit pouvoir se soigner grâce à une rigoureuse hygiène de vie ainsi qu’au moyen de médicaments ; mais une autre, proposée par la grand-mère, s’aventure du côté du paranormal. Et si c’était un fantôme malveillant qui avait pris possession de Hyun-su ?

En tant que tel, il n’y a rien de nouveau dans ce film qui, comme il se doit dans ce genre-là, progresse crescendo vers un summum de terreur. Le réalisateur se réfère d’ailleurs clairement à des films qui ont fait date dans l’histoire du cinéma d’épouvante, comme Shining (1980) de Stanley Kubrick ou Rosemary’s Baby (1968) de Roman Polanski. Sa particularité, c’est, par le biais d’une histoire à faire peur, de disséquer, en quelque sorte, la vie de couple. En somme (c’est le cas de le dire !), le film s’interroge, sur un ton de comédie grinçante, sur la connaissance et, surtout, la méconnaissance de l’autre dans le couple. Qui est vraiment l’homme (la femme) avec l’on partage sa vie et, en particulier, ses nuits ? Dans le cas présent, il y a de quoi être chamboulé et c’est ce qui se produit, au point que la maladie de l’un se communique à l’autre pour devenir folie. La question qui se pose, in fine, c’est : qu’en est-il de la sentence que Soo-jin et Hyun-su ont accroché sur un mur de leur appartement ? Peut-on vraiment tout supporter à condition de rester ensemble ?  

7/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer

Tag(s) : #Films, #Epouvante
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