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L’HUMANITÉ EN PÉRIL

Un livre de Fred Vargas.

 

 

S’il se trouve aujourd’hui des enfants ou des adolescents pour, à l’instar de Greta Thunberg, interpeller vivement les grands de ce monde et, en particulier, les gouvernants à propos du devenir de la Terre, on compte aussi, heureusement, un certain nombre d’adultes des plus qualifiés résolument engagés dans ce combat (au premier rang desquels il faut, bien sûr, compter le pape François et son encyclique Laudato Si).  Parmi les adultes engagés, il est également une auteure de romans policiers à succès, Fred Vargas, qui, dès 2008, a exprimé, en un texte bref mais percutant, ses inquiétudes devant l’urgence des changements à opérer pour sauver ce qu’on peut encore sauver du vivant sur notre planète. Cet appel à une Troisième Révolution (après la Révolution néolithique et la Révolution industrielle) avait été si remarqué et si partagé sur les réseaux sociaux que son auteure s’est résolue à approfondir le sujet et à le développer en un livre.

D’une certaine façon, Fred Vargas, ce faisant, ne rompt pas avec sa production habituelle. Car c’est bien d’une sorte d’enquête criminelle dont il s’agit, sauf que, en l’occurrence, c’est l’humanité tout entière qui est menacée de mort. C’est le Vivant, tout le Vivant, qui est en danger de disparition. Et, comme le dit et le répète l’écrivaine, nos gouvernants savent ce qu’il va advenir de la Terre et pourtant, ils ne font rien ou pas grand-chose : « tous sont informés du cataclysme qui fonce sur la Terre » et, cependant, c’est l’inertie qui domine, quand ce n’est pas le déni (à l’exemple des sinistres Trump ou Bolsonaro !). Les COP successives n’y changent pas grand-chose, tant les dirigeants restent soumis aux divers lobbies (en particulier ceux de l’agro-alimentaire) : ainsi d’Emmanuel Macron, entre autres, Macron dont la campagne à la Présidentielle fut financée en partie par la firme Bayer-Mansanto, fabricante de « terribles substances tueuses ».

La liste des périls auxquels l’humanité sera confrontée dans peu de temps, dans quelques années, a de quoi faire froid dans le dos. La crise du coronavirus, que nous subissons cette année, ressemblera bientôt à un épiphénomène de peu d’importance par rapport à ce qui va survenir. Dans son livre, Fred Vargas énumère les calamités à venir et prend soin d’étayer chacune d’elles au moyen de chiffres et de sources fiables. Elle a mené un véritable travail d’enquêtrice et son constat est sans appel : c’est à nous de réagir dès aujourd’hui, de changer nos modes de vie, sans attendre le feu vert de nos dirigeants, si nous voulons que la vie puisse perdurer sur la Terre.

Face aux menaces, Fred Vargas distingue quatre sortes de réactions et de comportements. En premier, le déni, l’évitement, le refus de savoir. En deuxième, ceux qui, au contraire, se préparent avec fatalité à l’effondrement de la vie sur Terre (on les appelle souvent « collapsologues »). En troisième, les « survivalistes » qui anticipent une catastrophe totale imminente et inventent des moyens de s’en sortir. Enfin, en quatrième, les « espérantistes » qui, conscients des grands bouleversements inéluctables, espèrent que, au moyen d’actions actuelles et à venir, ils pourront en diminuer, le plus possible, la gravité.

Fred Vargas se situe clairement dans cette quatrième catégorie. De ce fait, son livre, s’il ne dissimule aucun des fléaux qui risquent de s’abattre sur l’humanité (et sur tout le Vivant), comporte aussi, fort heureusement, toutes sortes d’actions à mener dès aujourd’hui pour amoindrir, autant que faire se peut, l’impact des grandes mutations qui surviendront dans un futur très proche. Le livre de Fred Vargas est un ouvrage d’avertissement, ou d’alarme, certes, mais c’est aussi un livre d’espoir. Encore faut-il que nous commencions dès aujourd’hui à changer nos habitudes, sans attendre que nos dirigeants nous commandent (car ils ne le feront pas, ou ils le feront quand ce sera trop tard). Si c’est nécessaire, écrit Fred Vargas, il faudra même en venir à la révolte : « Cette révolte, je l’appelle de mes vœux et je l’espère massive et mondiale. Portant alors au pouvoir des hommes et des femmes pleinement impliqués et déterminés. » 

9/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Livres, #Essai
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