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LES SÉMINARISTES

Un film de Ivan Ostrochovsky.

 

 

À l’exemple du polonais Pawel Pawlikowski (Cold War – 2018), c’est au moyen d’une superbe photographie en noir et blanc que le slovaque Ivan Ostrochovsky a choisi de filmer une page d’histoire datant de l’époque de la guerre froide, du côté est du rideau de fer, en Tchécoslovaquie, au début des années 80.

Au début du film, on pourrait croire avoir affaire à un thriller d’espionnage. Une voiture s’arrête dans un secteur isolé, deux hommes en sortent un corps qu’ils déposent sur la chaussée, un troisième homme s’approche à son tour en ayant à la main un stéthoscope… La scène s’arrête là, mais sera reprise et développée plus tard. Entre temps, le réalisateur nous fait découvrir les protagonistes de son film, essentiellement des séminaristes et les prêtres chargés de leur formation. Deux des séminaristes se détachent du lot, Juraj et Michal. Pour eux, comme pour leurs compagnons, se pose un dilemme. Il leur faut faire un choix qui peut avoir de graves conséquences. En effet, dans la Tchécoslovaquie de cette époque, seule l’Église contrôlée par le gouvernement est autorisée. Elle est même dotée d’une organisation ayant pour nom Pacem in Terris, dans laquelle se regroupent tous ceux qui acceptent de collaborer avec le régime en place. Mais il existe une autre Église, clandestine celle-là, dont font partie tous ceux qui veulent rester fermement catholiques. Or, bien sûr, cette Église est interdite et en être membre, c’est prendre le risque d’être persécuté. Les formateurs incitent les séminaristes à rejoindre l’Église officielle collaborationniste. Néanmoins, la plupart des futurs prêtres optent pour une direction différente, radicale et pleine de risques.  

Pour décrire ce climat d’angoisse latente, le réalisateur a opté pour des choix de mise en scène drastiques : outre le noir et blanc, les quelques plages musicales soulignent l’anxiété et les cadres très serrés semblent enfermer les personnages dans un espace étriqué. De plus, le cinéaste n’a pas craint de multiplier les ellipses, ce qui pourrait égarer ou décourager certains spectateurs, surtout s’ils sont peu informés quant au sujet ici abordé. Il est vrai que Pawel Pawlikowski, dans Cold War, adoptait une voie presque totalement similaire, si ce n’est les choix musicaux bien mieux intégrés dans le film et très séduisants. D’autre part, le sujet qu’il abordait, l’histoire d’un couple, était plus facilement assimilable par un grand nombre. Cold War était un chef d’œuvre, pas Les Séminaristes qui, malgré la force de son sujet, semble comme écrasé par trop de formalisme. Reste un film tout de même très recommandable ayant le mérite d’aborder un pan d’histoire méconnu.

7,5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Drame
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