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LES VOLEURS DE CHEVAUX

Un film de Yerlan Nurmukhambetov et Lisa Takeba.

 

 

C’est un des bonheurs que réserve le cinéma que de nous proposer, de temps à un autre, un film provenant d’un pays dont on ne connaît pas grand-chose. Ainsi du Kazakhstan et de ses paysages majestueux et rudes, tels qu’on peut les admirer dans ce film réalisé par un Kazakh et une Japonaise (et coproduit par les deux pays).

Même si, par certains côtés, le film prend des allures de western, ou plutôt d’eastern, ce n’est pas cet aspect qui le caractérise le plus. Les chevauchées et les fusillades, quand elles ont lieu, sont assez vite expédiées. Manifestement, ce qui intéresse les cinéastes, ce sont davantage les gestes du quotidien et les devenirs de personnages malmenés par un drame, en l’occurrence tout particulièrement ceux d’une femme, Aigul (Samal Yeslyamova), et de son fils aîné, Olzhas (Madi Minaidarov).

La destinée, pour tous deux, se concrétise avec le départ d’un homme, puis l’arrivée d’un autre homme. Celui qui part, c’est le père : avec deux compagnons, il se propose de vendre à bon prix une partie de son élevage de chevaux. Mais il est assassiné par des hommes cupides, décidés à s’emparer des animaux sans rien débourser. Quant à celui qui vient, c’est un homme qui avait disparu depuis plusieurs années et qui semble fort bien connaître Aigul. Il se présente juste au moment où viennent d’avoir lieu les funérailles du père et propose son aide à Aigul qui veut déménager.

Mais, plutôt que de s’engager résolument sur le terrain d’un banal film de vengeance, les cinéastes préfèrent s’attarder longuement sur les personnages d’Aigul et de son fils Olzhas. Ce sont leurs regards qui sont privilégiés ainsi que leurs chemins de résilience, leurs volontés de ne pas céder sous le poids du drame ni sous celui des préjugés d’autrui. Aussitôt après la mort de son mari, Aigul se résout à partir, elle ne s’enferme pas dans le chagrin, elle espère trouver ailleurs une vie meilleure. Quant à Olzhas, il est le véritable pilier du film, celui qui regarde, qui observe, qui se cache dans des feuillages pour épier une femme se baignant dans une rivière, qui fait souvent le guet à la fenêtre quand il est à la maison, qui reconnaît la montre de son père au bras d’un homme buvant une bière dans un bar, etc. Comme sa mère, le garçon ne veut pas se laisser enfermer dans le malheur. Au père qui n’avait pas voulu l’emmener avec lui pour la vente des chevaux répond l’homme nouveau, celui qui est de retour au pays après des années d’absence. Lui accepte volontiers d’avoir Olzhas à ses côtés pour une chevauchée. La route de sa vie semble ainsi s’ouvrir sous de nouveaux auspices.

À travers ce récit, humble parce que se limitant au cadre familial et grandiose par ses paysages, les réalisateurs transmettent quelque chose de l’âme d’un pays et c’est indéniablement captivant.  

8/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

 

 

Tag(s) : #Films
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