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MILLA

Un film de Shannon Murphy.

 

 

À sa première apparition à l’écran, rien ne distingue Milla (Eliza Scanlen) de ses compagnes de lycée. Revêtues de leur uniforme scolaire, elles attendent un train sur le quai d’une gare. Et puis, juste au moment où arrive le train, surgit d’on ne sait où un garçon qui bouscule violemment Milla avant de se figer. Échange de regards. Les deux camarades de Milla montent dans le train, alors que celle-ci, pétrifiée comme si elle était sous le coup d’une apparition, reste sur le quai.

C’est ainsi que commence une histoire d’amitié qui se mue en histoire d’amour entre une adolescente de 15 ans et un garçon, un peu plus âgé qu’elle, dont l’apparence fait aussitôt songer à un marginal et, sans doute, un drogué. Pas d’erreur sur ce plan. Les deux jeunes gens, aussi dissemblables qu’il est possible de l’être, n’en sont pas moins aussitôt désireux de poursuivre une aventure commune.

Ce garçon, qui répond au prénom de Moses (Toby Wallace), ne tarde pas à s’introduire dans la maison de Milla, au grand dam des parents de la jeune fille qui, c’est peu de le dire, ne voient pas d’un bon œil cette fréquentation. Mais il est un autre élément dans cette histoire : toute mignonne qu’elle soit en apparence, Milla n’en est pas moins gravement malade d’un cancer. Elle se sait condamnée à brève échéance. Confrontée à une telle épreuve, l’adolescente semble trouver en Moses un appui, sinon un secours.

Pour son premier long-métrage, la réalisatrice australienne Shannon Murphy réussit à mettre en scène cette histoire, potentiellement larmoyante, en évitant presque totalement le pathos. Cela est dû, sans nul doute, à l’excentricité des personnages. Car les parents de Milla, même s’ils sont tout imbus de leur milieu social, échappent à la banalité. Ni l’un ni l’autre n’arrivent à tenir parfaitement leur rôle social, en vérité. Ils sont déboussolés, au point d’en être parfois presque grotesques.

De ce fait, même si, à cause de son sujet, le film provoque, lors de quelques scènes, de fortes émotions, son ton varie d’un chapitre à l’autre (le film est construit comme un roman, suite de chapitres dont les titres s’affichent sur l’écran), allant du tragique jusqu’au comique (comme lorsque Moses se met à couper les cheveux de Milla, de toute façon condamnée à les perdre, avec une tondeuse… à chiens !).  Un des points forts du film, à mon avis, c’est de mettre à mal les apparences. Les parents de Milla sont, en fin de compte, plus perturbants pour Milla que Moses, son ami tatoué et drogué, qui se montre capable de mille prévenances envers la jeune fille. En réalité, chacun fait ce qu’il peut pour accompagner la jeune malade, parfois maladroitement, parfois de manière avisée. À cela s’ajoute, m’a-t-il semblé, le facteur le plus apaisant du film, la musique. Celle de la bande son, mais aussi celle que jouent Milla, au violon, et sa mère, au piano.

Ainsi la réalisatrice parvient-elle à nous faire partager joies, peines et soucis de personnages singuliers et attachants. Si le film peut paraître quelque peu déroutant au début, il vaut la peine de le regarder jusqu’au bout, jusqu’à la belle scène de plage de la fin, après l’inévitable tragédie. Ce qui est sûr, c’est que, plus le film avance, plus on se prend de passion pour les personnages.  

8/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Comédie dramatique
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