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UN HÉROS

Un film d’Asghar Farhadi.

 

 

Tout auréolé du Grand Prix qui lui a été décerné au festival de Cannes, il est maintenant sur nos écrans, le nouveau film de l’iranien Asghar Farhadi. Si un nombre important de critiques ne tarissent pas d’éloges à son sujet (certains lui auraient même volontiers attribué la Palme d’Or), d’autres font part de leurs réserves, si ce n’est de leur franche déception et je dois dire que je fais partie de ces derniers.

Qu’on le veuille ou non, en effet, il faut reconnaître que l’on a affaire à un cinéaste qui semble répéter, presque paresseusement, de film en film une même recette à succès. En somme, on pourrait presque dire que, quand on a vu un film d’Asghar Farhadi, on les a tous vus. Ce que j’écris est bien sûr exagéré, mais c’est néanmoins l’impression que j’ai eu tout au long de la projection de Un Héros. Il y a une sorte de procédé scénaristique que le cinéaste applique à chaque fois, réduisant, de ce fait, ses personnages à n’être que les faire-valoir d’une mécanique bien huilée : ce qu’on peut désigner sous l’expression de « thriller psychologique sociétal », genre dont raffolent les festivals, entre autres celui de Cannes.

Nous voici donc, à nouveau, en présence d’une de ces histoires qui plaisent tant au réalisateur iranien, celle où un homme se trouve, par la faute d’autrui autant que par la sienne, pris dans un engrenage de faussetés et de mensonges dont il ne peut se dépêtrer. En l’occurrence, il s’agit d’un certain Brahim, emprisonné pour n’avoir pas pu rembourser une grosse dette, et qui, à la faveur de quelques jours de permission, se retrouve fêté comme un héros pour avoir fait le choix de rendre à sa propriétaire une importante quantité de pièces d’or trouvées, enfermées dans un sac, à un arrêt de bus. Or l’honnêteté de l’homme ne tarde pas à être entachée de soupçons, au point qu’on en vient à se demander à qui on a véritablement affaire, à un héros ou à un escroc. Dès lors, tout le film tourne en rond autour de cette question, accroissant le sentiment d’enfermement du personnage principal, chacun des autres protagonistes y allant de ses arguments, pour ou contre la supposée noblesse de cœur de Brahim.

Rien de vraiment nouveau, je le répète, Asghar Farhadi se contente de recycler un procédé d’écriture dont il a déjà usé et abusé dans ses films précédents. En vérité, les aspects les plus intéressants, dans Un Héros, sont ceux qui se rapprochent le plus du documentaire. Ainsi ce que le cinéaste met en évidence au sujet des femmes et, en particulier, de celles qui se risquent à avoir une liaison sans être encore mariées, ce qu’elles doivent, à tout prix, tenir secret. Ou encore et surtout de l’importance prise par les réseaux sociaux dans la société iranienne : comment les citoyens parviennent à contourner les interdits de leur gouvernement. De nos jours, en Iran comme ailleurs, il est possible de mettre un homme sur un piédestal pour en faire un héros, puis, en un rien de temps, simplement en diffusant une vidéo compromettante, de le faire chuter en le vouant aux gémonies. Sic transit gloria mundi.  

6/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

 

Tag(s) : #Films
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