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CHÈRE LÉA

Un film de Jérôme Bonnell.

 

 

De Jérôme Bonnell, je garde l’excellent souvenir d’un film de 2013, Le Temps de l’Aventure, qui narrait avec beaucoup de finesse l’histoire d’une attirance entre un homme et une femme, tous deux en voyage et sachant que leur aventure commune n’aura pas de lendemain. Cette subtilité dans la mise en scène, nous la retrouvons aujourd’hui dans ce film qui, inversant le propos de 2013, raconte l’histoire d’une rupture.

Un matin donc, alors qu’il avait passé, la veille, une soirée bien arrosée, Jonas (Grégory Montel, acteur impressionnant de justesse) décide de faire une visite à Léa (Anaïs Demoustier), la petite amie dont il est toujours amoureux alors qu’elle lui a déjà signifié qu’elle ne voulait plus de lui. Qu’à cela ne tienne, il croit possible de tout réparer et il insiste si lourdement qu’il obtient un échange sensuel, oui, mais pour être, aussitôt après, mis à la porte sans ménagement. Dépité, Jonas trouve alors refuge dans le café-restaurant qui fait face à l’immeuble où habite Léa.

La bonne idée du film, c’est alors de tirer parti de cet endroit, des personnes qui y travaillent ou qui le fréquentent, pour mettre en scène tout un théâtre d’inventivité et de relations autour de Jonas et, en particulier, de la lettre qu’il se met à écrire. Montrer un homme qui écrit, ce n’est, à priori, pas très cinégénique, mais ici, au contraire, la lettre, très longue puisque, au bout du compte, elle comporte quatorze pages, devient un des meilleurs ressorts scénaristiques de l’œuvre. Il se trouve, en effet, que Mathieu (excellent Grégory Gadebois), le serveur du bar, pris d’une irrésistible curiosité, ne peut s’empêcher de prendre connaissance de la longue missive, en profitant d’une absence de Jonas. Surpris par ce dernier au moment où il achève sa lecture indiscrète, il tente de s’excuser, tout confus, mais n’en entame pas moins une discussion de bon conseiller, pourrait-on dire, non seulement au sujet de la lettre (dont il a trouvé remarquable l’écriture) mais aussi de Léa elle-même (étant son voisin, il a eu l’occasion de l’observer).

Autour de ces deux personnages, interviennent, tout au long de la journée, d’autres individus, une jeune femme dont Jonas pense qu’elle est la compagne de Mathieu, un garçon maladif qui vit encore avec sa mère et même un rival, lui aussi amoureux de Léa ! Sans compter l’ex-femme de Jonas que celui-ci retrouve, le temps d’une escapade à la gare de l’Est. Tout cela, tout ce qu’on peut désigner comme un petit théâtre d’instants de vies, loin de n’avoir pour fonction que de remplissage, accentue encore le désarroi du personnage principal, Jonas. Le film, pourtant, n’est pas dénué de notes d’humour. Ce qu’il propose en vérité, c’est un ingénieux mélange de légèreté et de mélancolie autour du thème de la rupture. Est-ce grave ou bénin, une rupture ? Peut-être les deux à la fois, semble nous indiquer le réalisateur. 

7,5/10

 

                                                                                     Luc Schweitzer, ss.cc.

Tag(s) : #Films, #Comédie dramatique
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