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UN ENDROIT COMME UN AUTRE

Un film de Uberto Pasolini.

 

 

John (James Norton) est un homme qui n’a plus que peu de temps à vivre. Un cancer le ronge de l’intérieur. Mais John est aussi le papa d’un garçon d’à peine trois ans, qu’il élève seul, la mère les ayant tous deux quittés pour retourner dans son pays, la Russie. John a lui-même connu une enfance difficile et, à 33 ans, il ne gagne sa vie qu’en étant laveur de carreaux dans une ville côtière du Royaume-Uni. Peut-on imaginer scénario plus triste, plus désolant ? Comment éviter le misérabilisme avec un tel sujet ?

Eh bien , aussi étonnant que cela puisse paraître, Uberto Pasolini réussit le tour de force de ne pas tomber dans ce travers, ou quasiment pas. On sait que John est malade et que ses jours sont comptés, mais le réalisateur ne s’appesantit guère sur cette réalité. Une seule scène se déroule en milieu hospitalier, deux ou trois autres montrent quelques effets de la maladie, des vomissements ou une grimace causée par la douleur. Il en est de même pour ce qui concerne le travail qu’exerce John, tant qu’il en a encore la force : quelques scènes suffisent à faire comprendre que c’est là un emploi très ingrat.

En vérité, c’est John en tant que papa d’un très jeune garçon qui intéresse tout particulièrement le cinéaste. Et c’est en se focalisant sur cet aspect qu’il parvient à faire autre chose qu’un film tire-larmes. Car que peut comprendre le garçon de trois ans ? Or son père profite de toutes les occasions pour essayer d’inculquer à l’enfant quelques notions de ce qu’est la mort : par exemple au moyen d’un scarabée qui a cessé de vivre ou même à partir de quelques poux que le père retire de la chevelure de son fils. Les nombreuses scènes où tous deux apparaissent à l’écran confondent par la justesse de leur ton, bouleversantes tout en étant dans la retenue car s’il y a une chose que le père veut éviter, c’est d’inoculer de la peur à son fils. Et pourtant, il faut essayer de lui faire comprendre, à ce bout de chou, que, dans peu de temps, sa vie va changer, qu’il devra s’habituer à ne plus voir son papa et à accepter de grandir dans une famille d’accueil.

Quel casse-tête, précisément, que le choix de la famille en question ! John fait une visite après l’autre, tout en ayant bien du mal, à chaque fois, à imaginer son fils vivre aux côtés de ceux qu’il rencontre. Et il faut cependant préparer ce futur proche, celui où il ne sera plus là ! Heureusement qu’il trouve une aide et un soutien en la personne d’une travailleuse sociale !

Bien sûr, arrivé au terme de ce film, on ne peut pas ne pas être saisi par l’émotion. Néanmoins, je le répète, en se concentrant sur la beauté de la relation père/fils, le réalisateur a évité, presque totalement, de faire un film larmoyant. Cette prouesse doit peut-être beaucoup à l’étonnante direction d’acteurs. Je pense surtout au petit garçon de trois ans. Diriger un enfant de cet âge, c’est une gageure ! Elle est ici pleinement gagnée.

7,5/10

 

                                                                                                   Luc Schweitzer, ss.cc.

 

 

Tag(s) : #Films
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